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Éditorial : Pax americana

La libération des derniers prisonniers marocains à Tindouf constitue un pas important dans le règlement du conflit factice du Sahara marocain. Rendue possible grâce à la médiation active des Etats-Unis et saluée par l’ensemble de la communauté internationale, cette opération n’enlève pas seulement aux séparatistes un moyen  de chantage politico-humanitaire exercé envers le Royaume depuis plus de 25 ans.
Elle signe aussi et surtout la mort du Polisario qui perd ainsi sa qualité de protagoniste principal du dossier. S’il y a un  élément qui renforce clairement cette thèse c’est bien la déclaration du porte-parole du département d’État américain à l’issue de cet événement appelant  le Maroc et l’Algérie à s’entendre pour créer “un climat régional favorable“ au règlement de ce différend de plus en plus menaçant pour la sécurité et la stabilité du Maghreb.
Autrement dit, Washington prône un dialogue direct entre Alger et Rabat, seul moyen à ses yeux pour arriver à un compromis acceptable par les deux parties. Exit le Polisario ! En effet, pour la libération des 404 détenus marocains, le sénateur Richard Lugar dans le cadre de sa mission ne s’est pas adressé au chef des séparatistes Mohamed Abdelaziz mais au président algérien Abdelaziz Bouteflika. Et dire qu’Alger a toujours nié être un acteur du conflit… Mais à Washington, on n’est pas dupe. On connaît le rôle considérable de l’Algérie dans la genèse de la supercherie du Polisario et de son développement. En prenant les choses en main, l’administration Bush a également contourné l’ONU qui, il faut le reconnaître, n’est jamais parvenue à solutionner ce drame humanitaire malgré de nombreuses résolutions.    
Les observateurs politiques s’interrogent, eux, sur la contrepartie de la fin du calvaire des plus vieux détenus du monde. Apparemment, aucune. Sinon, la volonté de Georges Bush de mettre un terme à un conflit artificiel qui risque fortement d’amplifier la menace qui pèse aujourd’hui sur la sécurité de la zone sahélo-saharienne, devenue une base de repli  des terroristes d’Al Qaïda depuis qu’ils sont traqués dans nombre de coins du monde.
Si un État au Sahara ne sera jamais fiable car source d’instabilité permanente, il ne reste plus que de se donner les moyens de sortir définitivement du problème créé de toutes pièces par l’Algérie. Telle semble être la stratégie américaine dont la prochaine étape devrait logiquement concerner les camps de Tindouf qu’il faut eux aussi libérer. Des camps où plusieurs milliers de personnes sont détenues contre leur gré  dans des conditions atroces et presque inhumaines. Considérées comme des réfugiés par le Front Polisario et des séquestrées par le Maroc, ces populations doivent disposer d’un statut clair et surtout  avoir le choix soit de rester sur place soit de regagner la patrie. Pour cela, le HCR doit pouvoir exercer sa mission, celle de superviser l’opération du retour dans la transparence et la sérénité.  

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