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Éditorial : Période charnière

Une année en chasse l’autre. 2004 tire à sa fin, arrive 2005. Au-delà des voeux de circonstance, quel bilan faire de l’actualité marocaine sur le plan socio-économique et politique ? Une chose est sûre: il n’est pas toujours aisé de se livrer à cet exercice rituel, étant donné l’imbrication des dossiers, des problèmes et des enjeux.
Pour le Royaume, on peut dire, de prime abord, qu’il est en pleine ébullition, le Maroc des décennies précédentes complètement différent du Maroc actuel : plusieurs fronts ouverts à la fois, une vitalité démocratique notable qui se manifeste notamment par une liberté de parole retrouvée et une “activité“ revendicative de nombre de catégories socio-professionnelles issues aussi bien du privé que du public. C’est l’image que renvoie le Maroc en permanence depuis quelques années, celle d’un pays résolument engagé sur la voie de la démocratisation dont le point d’orgue aura été les auditions publiques récentes des victimes des années de plomb.
Sur le dossier des droits de l’Homme et des libertés, l’année 2005 s’annonce sous le signe de la consolidation. La consolidation des acquis qui doit être accompagnée de la mise en place des garde-fous pour éviter, à l’avenir, les dérapages qui ont émaillé les mois précédents. En un mot, il ne faut pas renforcer le front des droits de l’Homme et prendre en même temps le risque d’affaiblir le garant des libertés, de la loi et des acquis, qu’est l’État. L’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre. C’est cet équilibre délicat qu’il convient de trouver, surtout que le Maroc traverse toujours une période de transition, qui, ici comme ailleurs, est synonyme de fragilité.
C’est par des institutions fortes et crédibles que le Maroc peut relever le grand défi du développement économique et du progrès social, finalité de toute action entreprise aussi bien par le secteur public que privé. Au nombre des réformes ambitieuses, il y a l’Assurance maladie obligatoire (AMO) prévue pour début 2005, la réussite du libre-échange dont le pays a fait un choix stratégique et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion qui minent la cohésion sociale.
La réalisation de ces objectifs est évidemment tributaire de la santé de l’économie marocaine qui n’a de choix autre que de s’assurer un taux de croissance à la hauteur des ambitions affichées. En la matière, on est loin du compte. Pour un gouvernement qui a eu du mal à boucler sa dernière Loi de finances, l’avenir des ressources publiques ne s’annonce pas radieux.
Et pourtant, à entendre le Premier ministre, tous les clignotants macro-économiques sont au vert. Ce qui normalement doit se traduire par une dynamique économique conséquente aboutit au final à un attentisme qui n’en finit pas de durer. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes de la situation d’un pays qui a pourtant tous les atouts en main pour décoller.
On a longtemps glosé sur la crise de confiance pour expliquer le marasme économique qui frappe le Maroc. Mais ce gouvernement est invité à se pencher sérieusement sur cette affaire rédhibitoire en interrogeant lui-même son action. Le cabinet Jettou a-t-il été au bout de ses efforts ? A-t-il entrepris réellement les réformes économiques de fond courageuses censées mettre sérieusement à niveau le tissu productif national ?

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