Le PJD s’agite. Autour d’une stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des sexes basée sur l’approche «genre» dans les projets de développement, ses théoriciens se mobilisent criant au scandale. Que lui reproche-t-on, à ce plan mis en place par le département de Yasmina Baddou et transmis pour consultation à l’ensemble des ministères concernés et des partis politiques ? D’être «symétrique, arithmétique et mécanique». Bref, une stratégie froide qui ne prend pas en considération les spécificités de chacun. Le PJD appelle à la complémentarité entre femmes et hommes. Les deux avançant côte à côte pour bâtir la société de demain, garante de la tradition et respectueuse des préceptes de l’Islam. Tout ceci est bien beau, mais seulement sur le papier. Ces mêmes théoriciens semblent apparemment coupés de la réalité du Maroc. Curieux pour un parti qui fait de l’activisme permanent sur le terrain. Ces mêmes théoriciens du PJD seraient-ils contre l’épanouissement d’une jeune fille non-scolarisée, habitant une zone isolée à des dizaines de kilomètres de la petite route asphaltée, du premier dispensaire et de la plus proche école ? Voudraient-ils la cantonner dans le rôle de femme au foyer, analphabète, recroquevillée sur elle-même, croulant sous la pauvreté et n’ayant aucune chance d’améliorer ses conditions de vie et celles de ses enfants ? Est-ce le modèle de la femme PJD ?
On dirait que l’on assiste au remake d’une super-production projetée il y a près de cinq années où se disputait l’affiche un Plan d’intégration de la femme au développement, mis en place par le secrétaire d’Etat progressiste chargé de la Famille dans le gouvernement Youssoufi et le parti islamiste. Un film qui a eu beaucoup de succès à l’époque. Les fans s’en comptaient par millions. La preuve en est la démonstration de force que les rues de Casablanca ont connue en 2000. Des manifestants qui, à l’époque, fustigeant un plan imposé par des organisations internationales et qui était en complet désaccord avec l’essence et les principes de la société marocaine. Les mêmes griefs sont retenus contre la stratégie de Mme Baddou. Trop progressiste, trouvent ses détracteurs. Mais lorsqu’il s’agit de développement humain et durable, y a-t-il lieu de polémiquer ? La transformation du quotidien du cinquième de la population marocaine, qui vivent sous la barre d’un dollar/jour, ne mérite-t-elle pas la mise en place d’une stratégie émancipatrice, susceptible de réduire les écarts socio-économiques et permettant un traitement équitable et égal de toutes les composantes de la société marocaine, Qui plus est incluse, pour la première fois, en annexe dans le budget de l’Etat dans l’exercice 2006?
Toute cette polémique sent terriblement le soufre d’une pré-campagne électorale. Le rendez-vous de 2007 est tout proche. Mais a-t-on le droit de réduire une question aussi importante à des petits calculs politiciens ?