Il y a près de 25 siècles, l’historien grec, Hérodote, avait dit : «Personne n’est assez insensé pour préférer la guerre à la paix. En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères. En temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils».
Pourtant, malgré le caractère insensé de la guerre, ceux qui la préfèrent ont toujours existé. Certains en font un moyen auquel ils recourent systématiquement pour régler des différends, imposer un point de vue ou, tout simplement, installer définitivement une hégémonie dans les esprits et sur le terrain. D’autres en profitent. C’est le cas de ceux qui font fortune de la guerre ou ceux qui sautent sur l’occasion pour installer une nouvelle idéologie ou pour en défendre le bien fondé.
La guerre au Liban n’a pas dérogé à la règle. Il y a eu les faiseurs de guerre par volonté hégémonique, ceux qui en ont profité économiquement et, enfin, les discoureurs de l’intolérance et de l’intégrisme qui ont sauté sur l’occasion pour renforcer leur présence dans le monde arabe et musulman.
Au Maroc, comme dans tous les pays arabes, le drame libanais a servi les intérêts des mouvances islamistes. Du Parti de la Justice et du Développement (PJD) au mouvement Al Adl Wal Ihssane en passant par tous les petits groupuscules intégristes. Tous ont tenu le même discours : les Arabes n’ont d’autre choix que de faire la guerre aux Israéliens et qu’il n’y aura pas de paix tant que l’Etat d’Israël continuera à exister. On a même entendu des prêcheurs du vendredi dire aux fidèles venus faire la prière que la fin du monde n’aura pas lieu tant que les juifs n’auront pas été anéantis citant un faux hadith dont l’authenticité n’a jamais été établie et qui dit : «La résurrection des morts n’aura pas lieu avant que les Musulmans ne combattent les Juifs. Le Juif se cachera derrière les pierres et les arbres, qui diront : O Musulman, un Juif se cache derrière moi, viens le tuer». Inculquer à un musulman venant faire sa prière l’idée selon laquelle l’assassinat des juifs serait légitime est grave et ne peut que servir les intérêts des mouvements intégristes.
Dès le début de la guerre, les islamistes ont applaudi. Ils ont accéléré le rythme de l’endoctrinement dans l’objectif de faire le maximum de recrutements et de récoltes de fonds. Ensuite, et dès que les hostilités se sont arrêtées, ils ont crié haut et fort que leur thèse de l’inévitabilité du recours à la guerre était juste, invoquant une victoire contestée du Hezbollah. Or, de quelle victoire parle-t-on ? La destruction du Liban est certes l’œuvre barbare de l’armée israélienne, mais les milices chiites y sont indirectement impliquées puisqu’elles en ont gracieusement servi le prétexte au gouvernement de l’Etat hébreu.
Tenir un discours appelant à la guerre, la justifiant et en faisant l’apologie est logique de la part des groupes intégristes. Mais quand un parti qui aspire à gouverner se met à surenchérir sur le drame vécu par tout un peuple dans un dessein purement électoral, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est lamentable.