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Éditorial : Responsabilité

Le nombre des victimes mortelles de la bousculade de Mina s’est élevé, hier, à 364 après le décès de l’un des blessés. Le bilan de cette catastrophe risque de s’aggraver durant les prochains jours, vu le nombre élevé des blessés qui avoisine les 300 personnes.
Il s’agit de l’incident ayant fait le plus de morts et de blessés depuis le début de l’année. Un vrai désastre. Pourtant, dans les médias arabes, les informations concernant le drame de Mina ont occupé l’espace audiovisuel juste quelques heures. Après, le suivi médiatique s’est limité, et se limite toujours, à l’annonce des nouveaux décès qui surviennent de temps à autre.
Cette situation s’explique, peut-être, par le fait que de tels événements tragiques sont devenus tellement récurrents qu’ils ont perdu de leur effet de choc. La mort de plusieurs centaines de pèlerins est devenue une affaire banale que l’on se contente d’annoncer avec toute la simplicité du monde. On annonce les chiffres macabres. On les compare à ceux des années précédentes. On précise que le nombre record des morts n’a pas encore été battu, évoquant le fait qu’il y a seize ans le nombre de victimes mortelles lors de la fameuse lapidation de Satan avait atteint presque 1500 pèlerins. On donne la parole à des responsables des services sécuritaires et sanitaires saoudiens pour qu’ils s’expriment sur ce qui s’est passé. Mais, on évite de leur poser les questions qui s’imposent notamment celles relatives à la faillite de l’organisme  saoudien chargé de l’organisation et la gestion de l’opération d’Al Hadj.
Bien au contraire, ces responsables ont eu l’occasion de véhiculer, à travers les chaînes arabes de télévision par satellite, leur version des faits qui rejette la responsabilité de ce qui s’est passé sur les pèlerins eux-mêmes qu’ils ont accusé d’indiscipline et dont certains auraient effectué le pèlerinage en dehors des circuits officiels.
Toutefois, ces justifications fournies par les autorités saoudiennes ne sauraient les exempter de leur responsabilité sur ce qui s’est passé. Car, s’il y avait des pèlerins clandestins c’est que le système de contrôle a failli.
En plus, l’organisation d’une opération de l’ampleur de celle du pèlerinage à La Mecque doit impérativement prendre en considération tous les risques et de prévoir des mécanismes à même de les éviter. Alors, comment se fait-il que l’on tolère chaque année qu’il y ait des centaines de morts sans reconnaître la responsabilité, au moins, par omission des autorités saoudiennes. Et ces dernières devraient admettre qu’il leur est impossible de gérer une foule de quelques millions de hadjs et qu’il est temps de réduire ce nombre en diminuant le quota accordé à chaque pays musulman afin d’éviter que des centaines de pèlerins meurent chaque année piétinés par la foule au pied des stèles symbolisant Satan.

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