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Éditorial : Tous contre le Sida

Vivre avec le Sida au Maroc n’est pas chose aisée. C’est même un exploit pour cette frange de Marocaines et de Marocains qui réussissent ce bel exploit au quotidien. Dans leur situation, la souffrance n’est pas uniquement physique ou psychique. Elle est surtout sociale. Se voir refuser la simple poignée de main.  Devoir à chaque fois raser les murs pour ne pas entendre les murmures et les sous-entendus du voisinage. Vivre cloîtré, acculé à la solitude. Dans notre pays, ils sont entre 16.000 et 20.000 à connaître cette solitude. Pour 1120 d’entre eux, c’est le sevrage brusque et total de la vie et de ses petits plaisirs qui en font le charme. Malades, souffrants, ils ne trouvent que la froideur compassion trouvée entre les quatre murs d’un hôpital public. Lâchés par tous, ou presque, ils font leur propre deuil à la minute où leur maladie est rendue publique. Et rares sont ceux qui se sont essayés à cet exercice d’extrême courage, qui ont eu le courage de déclarer haut et fort qu’ils ont contracté le mal du siècle. Et pour cause, dans notre société, le Sida est relié à tous les maux. Pour beaucoup, il est synonyme de péchés, de débauche et de libertinage. Contracter la maladie ne pourrait être que la suite logique d’une vie menée à l’opposé des valeurs de notre société. Ce n’est finalement que le fruit d’un excès de sexe, d’alcool et de drogue. Le résultat d’une vie de travers, de bout en bout. Les témoignages dans ce sens sont poignants. Il n’y a qu’à entendre cette jeune maman condamnée en compagnie de ses deux enfants, raconter sa vie de tous les jours pour s’en rendre compte.
Le Sida est donc l’affaire de tous. Personne n’en est à l’abri. Mais nombreux sont encore ceux qui se croient à l’abri du mal. Ils n’y prêtent même pas attention. A quoi bon se munir d’un préservatif quand le plaisir est décuplé lors d’un rapport non-protégé ? A quoi bon rester fidèle alors que la multiplication des partenaires est nettement plus exquise ? Pourquoi se refuser une dose collective d’héroïne qui nous ferait grimper au septième ciel ? Se prémunir contre le Sida est tout un programme, de sensibilisation, de communication, de planification mais surtout d’éducation et de prise de conscience.
Le Maroc connaît une hausse des personnes séropositives. Les sonnettes d’alarme sont tirées par les ONGs et autres associations oeuvrant dans le domaine de la prévention et l’aide aux personnes atteintes du Sida. Les aides certes proviennent des quatre coins du monde. Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme soutient le programme national de lutte contre cette maladie.
L’Organisation mondiale de la santé consacre également un grand budget aux pays en voie de développement. L’Onusida est en train de préparer un plan sectoriel en collaboration avec l’administration pénitentiaire. Mais sans un éveil collectif des jeunes et moins jeunes, tous ces efforts ont très peu de chance d’aboutir.

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