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Éditorial : Un cautère sur une jambe de bois

Les rémunérations dans la Fonction publique ont constitué, depuis toujours l’intersection explosive entre la politique gouvernementale et les revendications des partenaires sociaux. Sauf que, cette fois-ci, les élus de la nation, représentés dans la commission des Finances, focalisent toute leur attention sur les hauts salaires. Cette exclusive constitue, en effet, un faux débat qui relève plus du populisme que de la rationalité économique. Mais, comme les salaires des hauts cadres alimentent ces derniers temps, les discussions, il est clair que les députés veulent suivre la mode. D’autant plus que, ce faisant, les députés prennent leur revanche sur tous ceux qui se sont opposés à l’augmentation de leurs rémunérations. Une revanche très maladroite et inopportune puisque les élus brillent par leur absence et les ingénieurs, informaticiens, physiciens et autres ne déméritent aucunement. Maintenant si les députés veulent vraiment creuser l’abcès de l’inégalité des salaires, il aurait été plus judicieux de discuter de ce sujet dans sa globalité. A commencer par les petits salaires et surtout la stratégie globale de l’Etat dans ce domaine. Autrement dit, il faudrait plutôt augmenter tous les salaires vu l’incessante augmentation des coûts de la vie et la régression du pouvoir d’achat des citoyens. Un ministre marocain, tout comme un wali, un gouverneur, voire un directeur d’office, ne dépassent pas les normes salariales en vigueur dans le monde. Bien au contraire. D’où cette fuite des cerveaux vers des cieux plus cléments qui prive le Maroc de ses meilleurs cadres dans les secteurs les plus névralgiques pour l’économie nationale. On ne compte plus les ingénieurs, techniciens supérieurs, physiciens et biologistes marocains qui travaillent dans les plus grands instituts de recherche dans le monde comme la NASA, le CNRS ou autres multinationales. En définitive au lieu que nos élus et autres syndicalistes s’attaquent aux hauts salaires, ils auraient mieux fait de demander des augmentations pour les fonctionnaires les plus lésés. Ce faisant, les vrais défenseurs de l’équité salariale peuvent réduire l’écart par le bas en renforçant le pouvoir d’achat des petits salaires. C’est un raisonnement un peu réducteur dans un marché mondialisé que de vouloir gagner en budget par une coupe sur les salaires des cadres. En fait, c’est toute la politique économique de l’Etat qui est à revoir dans ce problème de salaires. Depuis plus de vingt ans que les décideurs raisonnent par les contraintes budgétaires et autre maîtrise du déficit, on n’a récolté qu’une augmentation abyssale du chômage et des réductions substantielles de l’investissement et de la croissance. La limitation du déficit à 3% du PIB est devenue une sacralité financière inviolable qui élude toute croissance à deux chiffres. Les Etats-Unis ont violé cette orthodoxie budgétaire qui leur permet d’avoir le taux de chômage le plus bas et le taux de croissance le plus fort a u monde. Autant faire du déficit budgétaire marocain un neutron libre qui dépasse le seuil des 3% pour raviver une économie en hibernation. Du coup, la croissance suivra, le chômage diminuera, tous les salaires augmenteront et la consommation sera dopée. Quant aux fondamentaux , tout le monde sait que le PAS et autres plans d’austérité ont engendré les plus graves déséquilibres sociaux qu’a connus le Maroc.

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