L’Union européenne a décidé de créer “une relation de plus en plus étroite avec le Maroc en y associant une dimension importante d’intégration économique et un approfondissement de la coopération politique“. C’est ce qui figure dans le préambule d’un document gros de 44 pages relatif au nouveau “plan d’action UE/Maroc“ d’une durée de 3 à 5 ans, visant à promouvoir un partenariat stratégique de voisinage.
Celui-ci est basé sur le respect, mutuellement reconnu, d’un certain nombre de valeurs communes : démocratie, droits de l’Homme, bonne gouvernance, économie de marché, libre-échange, réduction de la pauvreté et accomplissement des réformes politiques, économiques et institutionnelles. Le Maroc, qui a fait sienne ses valeurs avec une volonté farouche d’approfondir le processus des changements, est considéré comme un bon élève par l’ensemble européen. Occulté par le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’UE et le Forum de l’avenir qui s’est tenu récemment à Rabat, ce plan d’action ambitieux a été approuvé vendredi 17 décembre par le Conseil européen en même temps que la décision d’ouverture des négociations avec Ankara.
Sans conteste, il s’agit là d’un pas considérable franchi dans l’approche de la longue relation euro-marocaine. Une évolution qui devra aboutir à terme à une harmonisation des normes législatives et réglementaires marocaines avec celles en vigueur dans l’UE de telle sorte de donner corps au “statut avancé“ accordé au Maroc qui est un statut intermédiaire entre l’adhésion complète et le partenariat privilégié. Les perspectives de ce partenariat permettront au Maroc de participer dans le marché intérieur européen avec la possibilité de prendre progressivement part aux aspects clés des politiques et des programmes de l’UE.
Séparé du Vieux continent dont il est le premier partenaire économique d’un bras de mer d’à peine 15 kilomètres, le Maroc, qui se trouve au milieu du gué, tient là l’occasion de renforcer davantage son ancrage européen.
Il s’agit désormais de se mettre au travail, côté marocain, pour répondre aux conditions et aux critères européens dans différents secteurs retenus dans le plan d’action comme les droits de propriété intellectuelle et industrielle, la fiscalité et les services financiers… Pour cela, il faut que les autorités marocaines se donnent les moyens nécessaires pour initier la dynamique souhaitée en engageant les réformes de fond qui restent à mener notamment dans le domaine socio-économique.
Le gouvernement, qui n’a aucune excuse comme le manque de moyens puisque l’UE a prévu de d’apporter “une aide financière conséquente“ pour la réalisation des objectifs contenus dans le plan d’action, est appelé maintenant à envisager sa mission sous un autre angle.
Il faut le souligner, le programme proposé par Bruxelles à Rabat est un contrat honnête qui en cas de son aboutissement fera du Maroc, le cas échéant, un candidat éligible à l’intégration de l’Union européenne si l’on considère que cette dernière, plutôt qu’un club chrétien, est d’abord et surtout une idée fondée sur des valeurs universelles.