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Enseignement : L’initiative royale

L’annonce par le Souverain de la création d’un Conseil supérieur de l’enseignement augure d’un changement prometteur dans le secteur de l’éducation au Maroc. S’inscrivant dans une nouvelle démarche institutionnelle, ce Conseil, a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sera un cadre de « consultation constructive, de prévision et d’évaluation objective » de l’action éducative dans le Royaume.
Une sorte de «think-thank» qui aura pour tâche de recadrer cette action au profit de l’éducation à la citoyenneté, à la démocratie et autres valeurs nécessaires à « l’édification d’une société solidaire et équitable ».
Cette nouvelle est tombée à point nommé; elle intervient après un constat d’échec de la fameuse réforme du système éducatif national. Si cette réforme, entamée par l’ex-ministre Abdellah Saâf, avait introduit plusieurs changements dans le secteur, dont l’augmentation du nombre des matières scientifiques, l’enseignement de l’anglais au collège, la révision à la baisse des périodes d’examen (2 semestres au lieu de trois trimestres), l’adoption de la démarche par compétence, il n’en demeure pas moins que cette refonte n’a pas réussi à obtenir les effets escomptés. Et pour cause. Les enseignants n’auraient pas été associés, et moins encore impliqués dans la conception et la réflexion sur les moyens de donner corps à cette réforme.
Le Conseil supérieur de l’enseignement vient ainsi rectifier le tir, sachant bien que ce Conseil aura, entre autres fonctions, celle de lancer un processus de consultations auprès des professionnels du secteur. Il s’agit de réconcilier les acteurs de l’enseignement avec leur mission, après une perte remarquée d’enthousiasme. En témoigne la vague de départs volontaires qui s’est opérée ces derniers jours, qui a franchi la barre de 10.000 départs sur un total de 120.000 que compte le corps enseignant. Une hémorragie qui en dit long sur le malaise que traverse l’enseignement public au Maroc, ce qui pousse les citoyens nantis à faire appel aux établissements étrangers, entre autres la Mission française. Résultat ? L’enseignement au Maroc fonctionne aujourd’hui à deux vitesses, d’une part un enseignement public incapable de se remettre en question et un enseignement étranger qui gagne en confiance. Une situation qui met à mal un principe fondamental, à savoir l’égalité des chances devant l’école. Si une frange aisée de la société peut se permettre d’inscrire ses enfants dans des écoles étrangères, la plupart des citoyens n’ont pas les moyens de cette ambition. D’où la nécessité pour l’Etat de réhabiliter un enseignement public en mal de crédibilité. Le choix des établissements étrangers risque non seulement de décrédibiliser cet enseignement public, mais aussi de mettre à mal le projet de société qui est le nôtre, à savoir mettre l’éducation au service des valeurs citoyennes de modernité, de démocratie et de progrès.

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