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Entretien avec Mohamed Moujahid : «L’essence du pouvoir n’a pas changé»

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ALM : Pourquoi avez-vous décidé de boycotter le référendum constitutionnel ?
Mohamed Moujahid : On a décidé de boycotter le référendum constitutionnel parce qu’on a l’ambition de voir un Maroc qui se dote d’un gouvernement responsable de l’exercice du pouvoir exécutif avec un conseil dépositaire des prérogatives du Conseil des ministres. En plus du PSU, il y a également le PADS et le CNI qui sont contre le contenu et la forme du projet de la nouvelle Constitution. Car la forme de la nouvelle Constitution ne permet pas d’aborder un vrai dialogue national. Je rappelle à ce titre qu’au début de la préparation du texte du projet de la nouvelle Constitution, il n’y avait aucun avis qui était clairement favorable pour une monarchie parlementaire. Par la suite et lors des réunions avec la Commission Mennouni, j’ai remarqué qu’il y avait une majorité de partis politiques administratifs relevant de l’Etat et recevant les ordres de celui-ci et qui n’ont jamais posé la question des réformes constitutionnelles auparavant. Normalement, les partis politiques doivent être indépendants de l’Etat et ceux qui sont administratifs ne devront plus exister si on veut réellement assainir la vie politique.

Qu’en est-il du contenu ?
En ce qui concerne le contenu, il ne répond pas au sujet de la monarchie parlementaire. Même s’il y a eu une avancée au niveau de certains points notamment la question des droits de l’Homme, l’égalité entre la femme et l’homme, l’élargissement des prérogatives du Parlement, mais la question principale de l’essence du pouvoir n’a pas changé. Il n’y a pas une réelle séparation des pouvoirs. Et le pouvoir exécutif qui détermine les grandes orientations de l’Etat est attribué au Conseil des ministres présidé par le Roi. Il y a également l’axe de la nomination des walis, les gouverneurs et les directeurs des institutions publiques qui n’a pas été clairement défini. Dans ce texte, le Conseil de gouvernement relève de la compétence du Conseil des ministres. Donc il n’ y a pas de changement au niveau du contenu.

Quelle comparaison faites-vous entre la Constitution de 1996 et ce nouveau projet ?
Pour moi, la vraie question qui se pose dans ce cas est la suivante : Est-ce que la Constitution de 2011 va donner lieu à une vraie démocratie au lieu de la corruption et le despotisme ? Ma réponse : ce projet de la nouvelle Constitution ne contient pas les bases d’une vraie monarchie parlementaire pour changer la méthode du pouvoir. Le Roi doit incarner le rôle d’un arbitre pour trancher dans des situations de crise du pays. Il doit garder le titre «d’Amir Al Mouminine» et ce pour ne pas avoir la Fitna dans le pays. La mission du Roi en tant que Chef suprême et Chef d’état-major général des Forces Armées Royales doit être déterminée par le gouvernement et le Parlement. Bref, le Roi doit jouer des rôles symboliques et chaque institution doit accomplir son rôle. Parce que la seule forme pour concilier entre la monarchie et la démocratie dans le monde entier est tout simplement une monarchie parlementaire. Jusqu’à quand on va attendre ? Faut-il attendre encore un demi-siècle pour arriver à cet objectif ? Nous voulons une monarchie parlementaire à l’image de l’Espagne et l’Angleterre.

Pensez-vous que le climat politique et social actuel favorise cette réforme ?
Non ! je ne vois pas qu’il y a un climat convenable qui favorise la réforme de Constitution. Il faut d’abord un débat national dans tout le pays et plus de temps pour élargir ce dialogue. Et puis, il faut donner une place à un climat de liberté. Il faut laisser les jeunes du 20 février s’exprimer dans les manifestations et non pas les arrêter et les agresser par les «Baltajiya».

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