Les Marocains sont parmi les premières nationalités à investir dans les études à l’étranger avec un taux de mobilité internationale de 15% contre moins de 5% pour les Algériens et les Tunisiens. C’est qui ressort de l’enquête sur la mobilité étudiante marocaine vers l’international ( e-memi) publiée dans le dernier numéro des cahiers du Haut commissariat au Plan pour la période juillet –août 2010. Cette enquête qui a été réalisée en mars-avril 2009 au sein de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech a pour objectif de mieux comprendre le processus de formation du projet d’études à l’étranger. La demande de formation à l’étranger est étudiée en fonction de plusieurs facteurs (scolaires, familiaux, contextuels) en comparant les intentions déclarées aux démarches réellement entreprises. Cette enquête démontre que la mobilité comme la migration est un phénomène sélectif. Si 65% des sondés déclarent avoir l’intention de poursuivre leurs études à l’étranger, seul un tiers d’entre eux a effectué les démarches et une proportion moindre partira effectivement à l’étranger. La sélectivité est traduite par plusieurs critères: sexe, fréquentation de la bibliothèque, aide financière des parents. Ainsi, un étudiant assidu à la bibliothèque a trois fois plus de chance d’avoir l’intention d’aller étudier à l’étranger qu’un étudiant qui ne s’y rend jamais. L’enquête souligne qu’un étudiant aidé financièrement et de manière régulière par ses parents a 1,6 fois plus de chance de vouloir poursuivre ses études à l’étranger. L’étude en question relève que près de 74% des étudiants de la Faculté des sciences et techniques (FST) sont insatisfaits de leur filière. Cette insatisfaction se justifie par le fait que 63% des sondés affirment que leurs études actuelles ne correspondent pas à leur premier souhait lors de la première inscription au supérieur. Par conséquent, les étudiants de la FST et ceux de la Faculté des sciences Semlalia (FSS) enregistrent les fréquences les plus importantes en matière de démarches entreprises en vue d’une inscription à l’étranger. Près de 44% des étudiants de la FST et 41% de la FSS ont entrepris une démarche pour une inscription à l’étranger contre 28% des étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie (FMP) et 30% des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines ( FLSH). A noter que les étudiants de la FST sont issus de familles appartenant aux catégories sociales de statut élevé. Les parents sont soit des cadres supérieurs soit travaillant dans les professions libérales. Le niveau d’éducation des parents est élevé ainsi que les revenus qui oscillent entre 6.000 et 20.000 DH. Par contre, les étudiants de la FSLH ont des conditions de vie beaucoup moins favorables : aucun niveau d’éducation pour la mère et un revenu allant de moins de 400DH à 1.600 DH. Autre point : près de 55,1% des étudiants issus des établissements à caractère restreint (FMP, Ecole nationale des sciences appliquées (ENSA), École nationale de commerce et de gestion ( ENCG) …) considèrent que leurs formations offrent de meilleurs débouchés professionnels contre seulement 25% des étudiants issus de la Faculté des sciences juridiques, économiques et Sociales ( FSJES) et de la FSS. Pour 52,4% des étudiants issus de l’ENSA, l’ENCG et la FMP, il n’existe pas d’autres formations pouvant leur offrir plus que celle où ils sont inscrits.