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Grands risques, petits salaires

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Les petits salariés au Maroc, il y en a beaucoup. Mais, le cas le plus illustrateur de l’inadéquation entre les salaires et les services fournis reste celui des agents des services de sécurité. Policiers, gendarmes, agents des Forces auxiliaires et sapeurs pompiers restent les fonctionnaires marocains les moins payés, relativement à l’effort qu’ils fournissent et aux risques qu’ils encourent en assurant leurs fonctions. Et si la logique et les règles universelles veulent que les salaires soient proportionnels à l’effort fourni et aux risques du métier, il n’en est pas le cas pour ces hommes et femmes qui travaillent pour la sécurité du pays et des citoyens. S’agissant des agents de police, il est évident que les agents de cette administration qui constitue la colonne vertébrale du système de sécurité des biens et des personnes au Maroc sont sous-rémunérés par rapport au travail qu’ils effectuent. À titre d’exemple, un gardien de la paix, en temps normal, travaille huit heures par jour dans des conditions très difficiles et met sa vie en péril chaque jour et à chaque moment de la journée. Tout cela, il le fait pour, à peu près, deux mille trois cent DH. Cela, en temps normal évidemment. Or, il n’y a pas de temps normal pour un agent de la police car le sous-effectif dont souffre la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) et le manque de moyens techniques et matériels pousse ses dirigeants à recourir à la bonne volonté et au sacrifice de ses agents afin d’assurer la quiétude des citoyens et du pays. Ainsi, il n’existe pas d’indemnités pour les heures supplémentaires aux agents de police qui travaillent généralement plus de huit heures par jour. Depuis les terribles événements du 16 mai dernier à Casablanca, les agents de police sont en état de mobilisation permanente. Pourtant, cette mobilisation, qui a atteint les vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant la période du Nouvel An, par exemple, ne s’est pas répercutée positivement sur les bourses de nos policiers. Cette inadéquation des salaires à l’effort fourni n’affecte pas uniquement les gardiens de la paix, elle concerne aussi tous les grades de la police qui reste l’administration la plus lésée en matière de salaires. Un commissaire de police, par exemple, atteint à peine quatre mille DH de salaire. Un montant trop bas si l’on tient compte des responsabilités et des risques de sa fonction. D’ailleurs, il suffit de procéder à la comparaison entre le salaire d’un commissaire, chef d’arrondissement, et celui d’un Caïd, assurant la gestion d’un caïdat. Le premier, qui en plus de la responsabilité encoure tous les dangers en exerçant ses fonctions, touche le un-tiers du salaire du deuxième. Il est à signaler aussi que dans l’échelle des salaires de la police nationale, on n’arrive à égaliser le salaire d’un simple caïd d’arrondissement qu’en accédant au grade de contrôleur général. Il s’agit là, évidemment, d’une aberration totale. De leur côté, les gendarmes vivent la même situation que leurs collègues de la DGSN et souffrent aussi du manque d’indemnisation pour les heures supplémentaires la mobilisation permanente et le risque qu’ils encourent quotidiennement. Au sein des Forces auxiliaires (FA), la situation est pire. La différence des salaires entre les salaires des agents et ceux des officiers est énorme. Un simple agent des Forces auxiliaires touche à peine le SMIG. Mais, les officiers de ce corps souffrent aussi de l’injustice dont ils sont victimes par rapport à leurs camardes des autres corps armés. Ainsi, il existe une grande différence entre le salaire d’un officier FA et celui de quelqu’un ayant le même grade dans la gendarmerie, par exemple. Mais, le cas des sapeurs-pompiers est celui qui reflète le plus la contradiction flagrante entre salaires et responsabilités au Maroc. Un sapeur-pompier, qui assume l’un des métiers les plus risqués et les plus dévoués, n’atteint même pas les deux mille DH de salaire et ne bénéficie même pas d’une véritable assurance sur sa vie ou sur le risque d’incapacité auquel il s’expose quotidiennement. Ce bref aperçu sur les salaires dérisoires que touchent les agents de ces services montre qu’il est temps que le gouvernement fasse une révision de la politique salariale nationale afin de réduire la distance entre les grands et les petits salaires.

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