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Ibrahimi : La Sonadac est un échec retentissant

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ALM : Quel est votre regard sur l’aménagement urbain de la ville de Casablanca ?
Mohamed Ibrahimi : Comme toutes les villes en voie de développement, Casablanca se heurte à la volonté de transcender la loi par certains privilégiés qui ont investi le champ de la promotion immobilière. La règle juridique normale d’application égale pour tous, est détournée ou gelée pour servir des intérêts égoïstes au mépris de l’intérêt général. L’exemple des immeubles construits à Sidi Maâouf, entre Marjane et Makro, est déifiant. L’administration, dépassée par les évènements et les instructions, tente d’évacuer au mieux, des problèmes colossaux. Le résultat est là : retard, blocage et absence de vision globale.
Comment expliquez-vous les retards pris dans l’édification de l’Avenue Royale ?
Le projet Avenue Royale présenté à l’origine par l’Agence urbaine dans le cadre de l’édification de la Mosquée Hassan II, sur une superficie de 50 ha, tendait à créer un grand boulevard joignant la place Mohammed V et la Mosquée Hassan II, bordé de grands immeubles. Sur plan, il faut le reconnaître, il s’agit d’un très beau projet. La création de cette voie exige la destruction d’un grand nombre d’immeubles d’habitation et le relogement d’une population estimée par les statistiques de l’époque à 11.500 ménages. À ce jour, il y a eu distribution d’un grand nombre d’immeubles et le relogement d’environ 2.300 ménages.
Cette opération est bloquée depuis juin dernier. À l’origine de ce blocage, la distribution de 80 logements et le relogement de 100 ménages.
Ce blocage est dû aux difficultés d’octroi du crédit CIH à accorder aux ménages relogés à cause du manque de garanties de remboursements nécessaires. À titre d’exemple, les 100 ménages relogés en juin n’ont pas obtenu le crédit du CIH. La Sonadac n’a pas obtenu les remboursements de l’investissement consenti. D’autres blocages sont à relever. Ils ont trait au foncier mais surtout au fonds de garantie devant accompagner les engagements de Sonadac. Il n’a toujours pas vu le jour.
Le projet Corniche de Casablanca est aussi dans l’impasse. Quel est votre commentaire ?
La Sonadac, malgré tous les avantages fiscaux, ne semble pas prête à réaliser le projet compte tenu des difficultés. C’est un échec retentissant. Le projet de la Corniche a été justement initié et mis entre les mains de la Sonadac pour lui permettre d’obtenir des financements. Mais ce projet, bien que la Sonadac ait pu trouver des investissements étrangers pour le réaliser, est bloqué par l’Agence urbaine. Il y aurait une étude globale en cours de réalisation portant sur l’ensemble du littoral. De ce fait, il faudrait attendre la réalisation de cette étude.
Justement, les manquements de la Sonadac sont multiples. Ne faut-il pas revoir son fonctionnement, sinon, la dissoudre ?
Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs négatifs, faut-il conclure que le projet de l’Avenue Royale, bien que magnifique au stade de projet, sa faisabilité pose de sérieux problèmes d’autant plus que le gouvernement s’est engagé à reloger des populations casablancaises qui vivent encore dans des bidonvilles? Faut-il privilégier le relogement des bidonvilles ou continuer à détruire des logements pour édifier une voie ? je me pose la question !

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