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IER : la réparation en marche

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Le Forum national sur la réparation, organisé par l’Instance Equité et réconciliation (IER) à Rabat, a clos ses travaux dimanche 2 octobre par une série de recommandations qui devaient être adoptées vers la fin de l’après-midi.
Toutefois, les lignes directrices de ces recommandations ont été dévoilées lors des travaux des quatre ateliers de ce forum qui a vu la participation de 300 personnes dont près de 170 représentants d’ONGs nationales de développement local couvrant tout le Maroc.
Ainsi, l’atelier consacré à la mémoire, l’histoire et les archives a recommandé d’approfondir les recherches pour élucider les contextes historiques exacts du déroulement des graves violations des droits de l’Homme. Les participants à cet atelier ont relevé que le Maroc ne disposait pas d’archives proprement dites, que ce soit pour la période ayant précédé le protectorat ou celle ayant suivi l’Indépendance. Ils ont appelé, de ce fait, à ce que le pays se dote d’archives ouvertes en matière de violations des droits de l’Homme et qu’un comité soit dédié à cette fin après l’arrivée à échéance du mandat de l’IER. Unanimes, les participants à cet atelier ont demandé que les centres de détention secrets soient transformés en lieu de mémoire, sous forme de musées. Des recommandations spécifiques ont été consacrées à la région du Rif.
Les victimes des violations des droits de l’Homme doivent, elles, bénéficier d’un suivi psychologique et d’un traitement spécial permanent à travers tout le pays avec un centre national de requalification. C’est là l’une des principales recommandations émises par l’atelier « Santé ». La majorité des interventions ont souligné que les séquelles physiques, sans être moindres, sont moins dévastatrices que les dégâts psychologiques. Les participants à cet atelier ont demandé à ce que soient érigées des stèles portant les noms des morts et des disparus et dans les localités ayant connu des actes de graves violations des droits de l’Homme. Depuis pratiquement le début de son mandat, l’IER s’était consacrée à l’aspect médical via une équipe de spécialistes et la prise en charge des cas urgents.Un comité de suivi, c’est ce que recommandent également les participants à l’atelier sur la réparation et le développement durable. Ils attirent l’attention quant aux éventuelles attentes « exagérées », mais aussi aux possibles amalgames entre la réparation collective et l’Initiative nationale pour le développement humain. Des recommandations plus spécifiques devaient être arrêtées pour cet aspect socio-économique de la réparation collective et notamment pour déboucher sur des projets que financeraient éventuellement des bailleurs de fonds nationaux et internationaux. Avec ce sentiment toutefois que l’Etat a une « dette historique» envers tout le Maroc et le Rif en particulier. Une source de l’IER a indiqué que la concrétisation des recommandations concernant cet aspect risquerait de prendre du temps même si l’on ne peut parler de réhabilitation communautaire sans un effort appuyé au profit des populations de localités pénalisées ou marginalisées pour avoir abrité des centres de détention ou ont été le théâtre d’événements bien précis comme Moulay Bouaâzza. Les recommandations formulées par l’atelier « Genre » sont plutôt symboliques. Les participants à cet atelier jugent que la femme n’a pas eu tout l’intérêt qui devait être le sien dans tout le processus même si plus de 15 % des dossiers traités par l’IER ont été présentés par des femmes. Ces dernières d’ailleurs, autre précision de cet atelier, ne doivent plus être traitées comme victimes pour leur statut de sœurs, mères ou épouses de militants, mais d’abord en leur qualité de personnes qui avaient des convictions politiques à défendre et qui ont payé pour cela. Les travaux de ce forum national sur la réparation ont été ouverts, vendredi 30 septembre, par Driss Benzekri, président de l’IER. Dans son allocution d’ouverture, Benzekri a estimé que la réparation n’est qu’une partie du travail de l’IER. Pour cette réparation, ajoute le président de l’IER, l’on ne saurait se limiter à l’indemnisation, mais il faut aller outre pour reconnaître à la victime sa qualité en tant que telle et pour que l’Etat reconnaisse ses responsabilités, totalement ou partiellement, de ces violations. Reconnaissance qui pourrait avoir multiples formes, selon Benzekri qui ajoute qu’il est essentiel de reconstituer la mémoire collective sans que cela impose quelque forme de pardon. Dans tout ce processus, insiste Benzekri, il faut faire jouer la solidarité et être conscients des capacités et des ressources de l’Etat. Quant aux centres de détention secrets, le président de l’IER, affirme qu’il serait mieux de les transformer en centres socio-culturels selon les besoins de chaque région. Ou en musées pour devenir des espaces de mémoire et d’apprentissage de la citoyenneté.

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