ALM : Pensez-vous que le pessimisme des chefs d’entreprises va impacter positivement les résultats de l’année 2012?
Jad Benhamdane : Il s’agit d’un pessimisme de courte durée dû à des facteurs autant internes qu’externes. Il faut donc en déduire que très prochainement tout cela va se dissiper grâce à des signes de redressement très palpables qui traduisent un regain d’intérêt pour le marché marocain. En effet, avec l’intérêt d’investisseurs saoudiens pour le marché de l’assurance au Maroc, les perspectives du développement de la finance islamique, Bombardier qui investit l’aéronautique, l’ouverture de capital de la BCP ou encore l’usine Renault qui démarre très bien son activité au Maroc avec la première livraison de Lodgy «made in Morocco» en Europe. Autant de facteurs qui se conjuguent pour laisser planer des perspectives optimistes d’une économie dynamique.
Comment expliquez-vous donc cette tendance pessimiste?
Comme je l’ai expliqué avant, cette tendance est autant due à des facteurs nationaux qu’internationaux. Alors, déjà au niveau local, les deux principaux facteurs à souligner sont le retard accusé dans la présentation du projet de la loi de Finances 2012 parallèlement aux aléas climatiques qui laissent présager une année agricole difficile. Sachant que l’agriculture est indissociable à une économie prospère au Maroc, le spectre de la sècheresse a un impacte direct sur les résultats de l’indice de confiance économique des chefs d’entreprises. Au niveau international, les facteurs ayant influencé les chefs d’entreprises sont d’abord la persistance de la crise économique dans la zone euro et ensuite la flambée des cours du pétrole.
Quelle lecture faites-vous des perspectives tracées par l’Indice?
Je pense que les perspectives dressées par les chefs d’entreprises sont très conformes à la tendance et au comportement du marché qui devrait prendre un tournant plutôt intéressant. En effet, la vigoureuse demande interne continue d’être le meilleur allié de l’économie marocaine en plus de la mobilisation d’une enveloppe conséquente pour les investissements publics, soit 188 milliards de dirhams au titre de l’exercice 2012, l’important plan d’investissement et les performances à l’export de l’OCP et le comportement favorable des ventes d’électricité. Pour résumer, les différents décalages d’appréciation soulevés par les chefs d’entreprises s’expliqueraient par la surestimation de la mauvaise passe de certains paramètres macroéconomiques pris en considération lors de l’évaluation du climat général du pays, à savoir les avoirs extérieurs nets et finances publiques sous tension, les charges de compensation énormes, le creusement du déficit de la balance commerciale, la campagne agricole menacée en plus des facteurs que nous avons souligné plus en haut.