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Jeunes sans avenir

Tout est parti de la visite que S.M le Roi a effectuée au centre de réforme des jeunes détenus, attenant au complexe pénitentiaire de Oukacha, à Casablanca. Ce fut un événement national d’une grande symbolique, puisque c’est la première fois que le Roi du Maroc pénètre dans une prison, apportant réconfort moral et soutien psychologique à une catégorie de détenus qui en avait vraiment besoin. Émouvant.
Le souverain s’est ainsi enquis de la situation des pensionnaires de ce centre. Ce sont pour la plupart des jeunes de moins de 20 ans issus des quartiers défavorisés du pays, victimes en quelque sorte de leur environnement. Un environnement impitoyable, glacial, qui a l’allure d’un ghetto, dépourvu de toute distraction et de toute perspective. Des gosses sans avenir, qui souvent ont interrompu très tôt leurs études ou qui n’ont jamais été dans une école. L’oisiveté conjuguée au mal-être est mauvaise conseillère. Cela ressemble à une grenade dégoupillée. Raconter l’histoire de ces jeunes c’est pénétrer dans un monde de frustration, de privations et de malheurs. Le père qui ne travaille pas ou gagne peu, la mère livrée à elle-même, une fratrie nombreuse, une promiscuité poussée à l’excès. Un cocktail explosif. Pour se faire un peu d’argent de poche, ces floués de la vie sont prêts à tout. Ils commencent d’abord par quitter le domicile paternel.
Certains se transforment en petits dealers au coin d’une rue sombre. D’autres deviennent carrément violents. Bagarres. Viols. Vols. La délinquance commence. Police. Interrogatoire. Justice. Les “sauvageons“ pour reprendre la formule de Jean-Pierre Chevènement sont envoyés à l’ombre de manière souvent expéditive. Parfois, parmi ces condamnés, il existe des prévenus qui ne sont pas vraiment des délinquants à proprement parler. Ils n’ont tué, ni volé personne. Exemple : un individu qui vend des cigarettes au détail pour gagner sa vie. La police l’arrête et la régie des Tabacs le poursuit en lui réclamant un dédommagement. Une somme qu’il ne peut pas payer. Alors, il se retrouve au centre des jeunes des détenus parmi de vrais délinquants. Des exemples de ce style, on peut les citer à l’envi. D’où la nécessité de procéder à une refonte de la loi pour appréhender la délinquance. Cette réforme doit pouvoir être accompagnée en amont par un travail d’encadrement et d’éducation à l’intérieur même de ces quartiers difficiles. Il s’agit d’aider, d’orienter et de soutenir, par des actions appropriées et ciblées, cette population fragile et désorientée. Cette solution pourrait jouer le rôle d’un filet social salutaire à même de réduire le malaise social et partant la pression de la délinquance. Prévenir vaut mieux que guérir.

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