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Khoukhchani : «une responsabilité partagée»

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ALM : Quelle est la situation du transport urbain dans la ville de Meknès ?
Mohamed Khoukhchani :
Aujourd’hui, le transport urbain à Meknès traverse une crise qui date de plusieurs années. La situation désastreuse dans laquelle se trouve ce secteur est le fruit de la gestion des différentes communes qui se sont succédé dans la ville.
L’actuel bureau au pouvoir a également une large part de responsabilité. Nous sommes dans une impasse totale alors que tous les membres du conseil, y compris ceux de l’opposition, soutiennent solidement tous les projets lancés par la commune pour la restructuration du secteur du transport urbain.

En clair, quel est l’état des lieux de la Régie autonome du transport urbain de Meknès (Ratum) ?
En avril 2004, dans un rapport soumis au conseil communal, le directeur général de la Régie parlait d’un déficit de 23 milliards de centimes. Mais selon les dernières déclarations du président du conseil communal, ce déficit dépasserait les 33 milliards de centimes.

Quelles sont les causes de ce déficit ?
Il y a tout d’abord le problème des arriérés des Caisses, à savoir la CNSS, la Caisse des retraites et les mutuelles. Il y a ensuite les dettes envers les fournisseurs de pièces de rechanges des bus qui étaient mis en circulation par la Régie. Il y a également les engagements de la Régie à l’égard de l’Etat, notamment le paiement des impôts.

Qui est responsable de ces retards et de cette faillite ?
En fait, la responsabilité est partagée. Il y a d’abord les différents conseils communaux qui se sont succédé. La situation se dégradait d’année en année et les instances élues ont laissé traîner les choses. En outre, les différents directeurs sont, eux-aussi, responsables de la débâcle de la Ratum.
Ils ont été nommés par le ministère de l’Intérieur pour des considérations étrangères à la compétence. Il s’agissait d’hommes de pailles de certains dirigeants. Tout cela au détriment de la bonne gestion de la régie. En somme, au fur et à mesure, la Régie a commencé à couler. Mais elle fonctionnait tant bien que mal, jusqu’à l’arrivée de l’actuelle équipe au pouvoir, qui a mis fin aux activités de la Régie.

Quelle solution a préconisée cette nouvelle équipe ?
La solution était radicale. Le conseil à l’unanimité a opté pour une concession, au lieu d’une gestion déléguée. Un appel d’offres a été lancé en 2004, mais il a été infructueux. Aussitôt, un autre cahier des charges a été rédigé, sans qu’il ne soit soumis aux membres du conseil, pour le lancement d’un nouvel appel d’offres. Ce dernier a permis le choix d’un groupement composé de Ahssane Bus et d’une société espagnole Tusgal. La cérémonie de signature de la convention a eu lieu le 4 juillet dernier.

Que prévoit cette convention ?
Etalée sur une période de 15 ans, cette convention préconisait la mise en circulation 320 Bus, dont 100 nouveaux Bus et un renouvellement régulier du parc. Le groupement devait commencer ses activités en septembre. Rien n’a été fait. Le groupement voulait importer les Bus. Mais pour éviter que le groupement paie les droits de douanes, le maire est intervenu en sa faveur auprès du Premier ministre pour l’exonérer.

Qui assure le transport urbain aujourd’hui à Meknès ?
Il y a une société privée, dont la convention est arrivée à son terme à la fin des années 1990. Mais elle opère toujours. Cette société ne dessert que les lignes profitables. A l’intérieur de la ville, ce sont des cars qui assurent le transport entre les différents quartiers de  la ville. Résultat : Meknès ressemble à une immense gare routière. A côté de cela, 2.000 grands taxis assurent également les liaisons urbaines. Ils risquent de poser un problème à la ville quand le groupement débutera ses activités.

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