«On ne lance pas une campagne de promotion en haute saison !», scandent en chœur les hôteliers de Marrakech, au sujet de leur faible participation à l’opération Kounouz Biladi. Cette opération, étalée entre le 7 avril et le 8 mai 2006, coïncide avec le traditionnel boom touristique de la ville ocre. En effet, comme le mentionnent la plupart des manuels touristiques et même des almanach, il est impossible d’avoir une chambre entre le 1er avril et le 10 mai.
En cinq éditions, ce programme, qui tourne à raison d’un budget moyen de cinq millions de dirhams, n’a pas encore récolté ses fruits. Pas de succès, ni à Marrakech où «seuls deux hôtels de la place ont adhéré», souligne un professionnel, encore moins à Tanger où «aucun établissement n’a répondu à l’offre», martèle Mustapha Boucetta président de l’Association de l’Industrie hôtelière de Tanger, coupant court à la thèse selon laquelle le produit ferait recette dans le detroit.
«Le Kounouz Biladi ne répond pas à nos attentes», poursuit le président de l’AIH de Tanger. Il n’est pas le seul à être de cet avis dans la profession. De son côté, Driss Faceh, président du CRT de Fès, estime «moyennes», les performances du Kounouz Biladi depuis son lancement. «Cela tombe sur une saison où nous n’avons pas besoin de promotion. D’ailleurs, depuis une semaine, on ne trouve pas une chambre libre à Fès ».
Ailleurs, à Ouarzazate, l’engouement est perceptible. Le véritable test du produit interviendra la semaine prochaine avec le Festival des Roses de Kelaât M’gouna. Ici, cinq à six hôtels ont adhéré au programme, déclare Belghazi Rahou, président du Conseil provincial du Tourisme.
Le hic c’est que là aussi, le Kounouz intervient en pleine saison. Beaucoup d’hôtels sont encore bloqués par les réservations TO. «Nous aurions souhaité une programmation du Kounouz Biladi sur les périodes de juillet, août et septembre », suggère M. Rahou.
«L’opération n’est qu’à ses débuts», indique Khalid Majdi, président de l’Association régionale des agences de voyages de Marrakech.
Pour cet opérateur, «l’offre Kounouz Biladi ne correspond pas à la demande nationale, puisqu’elle se base sur l’hôtellerie classique, alors que le Marocain, voyageant souvent en famille, cherche des moyens d’hébergement bon marché ». De plus, «il n’y a pas en général de disponibilité dans les villes comme Marrakech ou Agadir, qui attirent souvent les nationaux». Mal ficelée quant à la période de sa programmation, Kounouz Biladi présente pourtant une offre tarifaire intéressante : 300 DH TTC pour les hôtels 3 étoiles, 500 DH TTC pour les hôtels 4 étoiles et les villages de vacances touristiques et 800 DH TTC pour les 5 étoiles.
En raison du succès mitigé de l’édition du printemps, nombre de professionnels s’interrogent sur celle de l’été, censée être réservée aux MRE.
Si le ministère du Tourisme ne s’y prend pas assez tôt, prévient un professionnel, l’on se dirige tout droit vers un autre échec.