Fini le temps de l’exception. C’est en quelque sorte le message de Abderrahmane Youssoufi, à dix jours de la fin de la session extraordinaire du parlement, appelée à voter entre autres le code électoral. La clarté du message tranche avec un certain flou qui commençait à s’installer, concernant plusieurs points ayant trait à l’opération électorale en perspective.
Trois points ont été évacués dans un style propre à la personne même de Me Youssoufi, fin connaisseur de la chose politique et homme qui ne cherche pas ses mots lorsqu’il veut trancher un débat.
D’abord, la commission de suivi des élections ou toute autre instance ad hoc qui serait appelée à superviser les élections. Pour le Premier ministre, l’étape de la commission ad hoc est terminée. C’était un moyen parmi d’autres pour installer les véritables règles du jeu. C’est, en d’autres termes, le propre des phases de transition. Mais davantage encore, il a été prouvé que les commissions de suivi régionales avaient validé des infractions et violations du suffrage des électeurs. Au lieu de faire respecter la loi, elles l’ont parfois transgressée, et cela est plus qu’avéré.
En définitive, rien se fera avec des instances ou des structures qui ne sont pas régies par le code électoral et le droit commun. Le rôle de la justice doit primer et c’est à elle de trancher.
Le deuxième point est lié au processus électoral, toujours. Il concerne les candidatures des ministres en poste. Certaines voix, de plus en plus nombreuses, s’élèvent ces derniers temps, pour demander la démission des ministres qui veulent se présenter aux élections. Pour Me Youssoufi, il n’y a rien qui oblige un ministre à démissionner dans ce cas de figure. Dans l’esprit du premier ministre et au regard de la loi, un ministre est un citoyen comme les autres. Sa candidature ne remet pas en cause son statut de ministre et vice versa. Et puis, la loi doit être appliquée à tous, sans exception aucune. C’est aussi l’usage de tous les pays démocratiques à travers le monde.
Le troisième point tout aussi important concerne les listes électorales. Les litiges ne manquent pas et les fausses inscriptions sur les listes électorales sont légion. Peut-on envisager de nouvelles listes électorales ? L’option était envisagée, mais pour le Premier ministre, le temps ne permet pas une telle refonte radicale. On s’est contenté donc des anciennes listes qui vont être révisées, de manière à éviter les erreurs du passé. La logique du chef du gouvernement est d’une simplicité désarmante. Par le passé, l’administration enregistrait les citoyens sans leur consentement. Sans même qu’ils ne soient au courant. Alors, avec de nouvelles mesures qui feraient en sorte que ceux qui sont inscrits votent réellement et choisissent librement, et avec la mise à jour de ces listes, et une véritable campagne de sensibilisation et de motivation des citoyens, on pourra optimiser les listes existantes Toutes ces précisions sont intéressantes. Reste le principal des thèmes, à savoir le code électoral lui même.
Pour Me Youssoufi, le code en discussion actuellement au Parlement sera adopté dans un maximum de dix jours, le temps restant pour la clôture de la session extraordinaire du Parlement. Et si ce n’est pas le cas, la session ordinaire d’avril tranchera. Mais en tout état de cause, le code électoral qui sera adopté est le seul cadre qui doit régir l’ensemble des opérations électorales à venir. Il va y avoir une répression dure des fraudes, des trafics et tout ce qui est de nature à nuire au bon déroulement des élections sera traqué, sans ménagement.
La bonne foi de Me Youssoufi n’est pas en doute. Ses convictions non plus. Reste à voir qu’est-ce que tout cela donnera sur le terrain. Personne n’est idéaliste, mais de bonne foi, tout le monde perçoit une certaine évolution du champ démocratique. La suite doit rassurer tous ceux qui y croient.