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La fin de l’exception

© D.R

Elles se suivent, ne se ressemblent pas, mais ont toutes un seul dénominateur commun. La «cible» n’est autre que les palais et résidences royaux à Agadir, Marrakech et Rabat. Le «ton» sera d’abord donné par le palais d’Agadir dont l’ex-conservateur, le colonel Hilali, s’adonnait à un fructueux sport : bidonner des factures de carburant et de fournitures pour le parc automobile du palais royal. Après une longue série d’audiences à la Cour d’appel d’Agadir, le principal concerné a conclu un arrangement avec la partie civile pour restituer l’argent détourné, soit près de 12 millions DH. Le procès continue toujours pour près d’une dizaine de personnes.
A Marrakech, il y a quelques semaines, c’est une autre affaire qui a éclaté au sujet du détournement des stocks du Palais royal dans cette ville. A ce jour, 19 personnes sont toujours poursuivies dans le cadre de cette affaire pour détournement de fonds publics, participation, recel et dissimulation d’objets volés. L’on apprend d’ailleurs que Mehdi Zoubaïri (frère de Hassan, décédé) a été remis, jeudi 29 septembre, en liberté provisoire par le juge d’instruction chargé de l’affaire. Selon une source judiciaire, le principal accusé aurait produit de flagrantes contradictions dans ses déclarations devant les enquêteurs et le juge d’instruction.
Dans le cadre de cette affaire, l’on assiste à un autre revirement non moins intéressant. C’est la famille Zoubaïri qui rompt le silence pour condamner les interprétations faites, à des fins matérielles, politiques et de propagande, du décès de Hassan Zoubaïri, donné pour mort sous la torture dans un commissariat de police de Marrakech. Assertions déjà démenties par le procureur du Roi près la Cour d’appel de Marrakech qui avait affirmé, analyses médicales et expertises à l’appui, que le décès de Zoubaïri était causé par de graves problèmes de santé. Dans une mise au point destinée à la presse, les parents de Zoubaïri ont demandé à Sa Majesté le Roi d’entourer de sa sollicitude la petite famille du défunt.
Enfin, l’autre grosse affaire de détournement est celle qui vient d’éclater vers la deuxième semaine de septembre. Il sera révélé que la résidence privée du Roi à Rabat a fait l’objet d’une série de détournements et de vols remontant à 2002. Cette fois, les vols ont porté sur une «marchandise» précieuse et hautement symbolique à savoir des verres en cristal, entre autres, portant les monogrammes du défunt Roi Hassan II.
Les enquêteurs sont parvenus à mettre la main sur une partie du butin : 350 verres, plus de 60 bols, six carafes et un poignard en or. Et pas chez n’importe qui. Parmi les receleurs cités dans cette affaire, figurent la femme d’un ex-ministre, Mme Joséphine Demnati, mais aussi un célèbre assureur casablancais et, en même temps, actionnaire de référence dans le groupe de presse éditant «Le journal Hebdomadaire» et «Assahifa». Chez Mohamed Fadel Iraki, qui a d’ailleurs été entendu par les enquêteurs avant d’être relâché et prié de rester à la disposition de la BNPJ, la police a saisi pas moins de 138 verres en cristal et 2 carafes, portant les mêmes monogrammes royaux,  que l’intéressé affirme avoir acheté dans une brocante, il y a un an et demi. Cette affaire, à son tour, est devant la justice et l’on apprend déjà qu’une dizaine de personnes sont sous les verrous. Il s’agit notamment d’un magasinier au Palais royal de Rabat, d’un chauffeur et d’un receleur du nom de Jamal Hammachi. Le premier subtilisait la «marchandise» qu’il remettait au deuxième. Ce dernier se chargeait, selon une source proche de l’enquête, de tout entreposer dans un local à Témara. Le troisième, Jamal Hammachi avec l’aide d’un certain Wassim Youssfi, se débrouillaient pour trouver des acquéreurs.
Lundi dernier, le Procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat annonçait que le secrétariat particulier du Roi a demandé la rétrocession des objets volés. Hassan Laoufi annonçait, à la même occasion, que le Palais renonçait à l’exercice des droits que lui confère la loi et dont celui de se constituer partie civile contre les voleurs et receleurs. Toujours en phase d’instruction, l’affaire des «verres de cristal» royaux risque d’être le feuilleton judiciaire par excellence de ce mois de Ramadan.

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