La diligence que met le gouvernement d’Abdelilah Benkirane à entrer dans le vif du sujet a conforté les commentateurs dans le sentiment que les affaires de la Nation ont quelque peu pâti de la longue période de canard boîteux durant laquelle le chef de gouvernement a conduit les discussions pour former son équipe. Cet empressement a également remis en mémoire les rumeurs selon lesquelles lors d’une audience qui lui a été accordée en fin d’année dernière, Benkirane aurait été prié par le Roi d’accélérer le tempo des négociations. En fait, estiment les mêmes sources, il y avait d’autant plus urgence à entreprendre de nouveau dans le long terme que l’ancien gouvernement avait semblé s’être installé dans la gestion des affaires courantes depuis le 25 novembre. Aussi pensent-ils que c’est à bon escient que la nouvelle équipe a organisé des passations de pouvoir expresses quelque temps seulement après avoir prêté serment devant SM le Roi. Cependant, ils se refusent à voir dans la chronologie de ces cérémonies une indication sur la nouvelle hiérarchie des priorités. Pour le porte-parole du nouveau gouvernement, la première action à faire est de travailler à l’élaboration du programme d’action qui sera présenté devant le Parlement. Il a laissé entendre que cela devrait intervenir au plus tard demain. Un autre membre de l’équipe aux affaires a, quant à lui, mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer à l’instauration de la bonne gouvernance. Il a précisé que la lutte contre la corruption est un passage obligé vers la gestion saine des affaires publiques. Il a également laissé entendre que cette préoccupation transparaît clairement dans l’association du mot «libertés» à celui de justice dans l’intitulé du département de l’avocat Mustafa Ramid. Les analystes affirment qu’un autre indice sur les préoccupations de l’équipe au pouvoir est à chercher dans la cérémonie de passation des pouvoirs qui a eu lieu entre Ahmed Akhchichine et Lahcen Daoudi. Autant la personnalité des protagonistes que les mots qui ont été échangés lors de cette manifestation disent en quelle importance le gouvernement de Benkirane tient les questions de l’éducation et de la formation.
Toutefois à côté de ces indices réels, il y a des non-dits. Parmi eux, ceux qui renvoient à une série de «reculades» telles que l’octroi des secteurs de la santé et de l’habitat à un autre parti que le PJD. Ce transfert, considéré par certains comme un lâchage, a beaucoup surpris. D’autant plus que le droit à la santé et à un habitat salubre ont été au centre de l’argumentaire électoral du PJD.