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La maladie réinventée

La prolifération des « pilules de bonheur » était derrière l’énorme succès commercial qu’a connu certains médicaments comme le Prozac à la fin des années 80 en France. Et le succès continue encore. Avec son produit Zoloft, la société Pfiyzer a enregistré l’année dernière un chiffre d’affaires de 2,1 Milliards de dollars. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Derrière ce succès, une notable évolution de la recherche scientifique. La découverte de certains mécanismes physiologiques a permis en effet de développer des thérapies médicamenteuses efficaces. Plusieurs hypothèses ont tenté d’expliquer le phénomène obscur de la dépression.
L’une d’entre elles explique l’apparition de la dépression par une diminution de la quantité de certains neurotransmetteurs telle la dopamine, la sérotonine ou encore la noradrénaline. C’est pour cela que pratiquement tous les antidépresseurs actuellement utilisés ont pour effet d’augmenter la quantité de ces substances soit à empêcher leur dégradation. Mais la consommation des antidépresseurs est-elle dépourvue de risque ? Selon plusieurs chercheurs, l’un des premiers effets des antidépresseurs est d’augmenter le risque de suicide. Car, avant d’améliorer l’humeur des dépressifs, ces médicaments lèvent les inhibitions comportementales. Au début du traitement, le malade reste déprimé, mais retrouve la force de mettre fin à ses jours. En outre, la liste des effets indésirables liée à la consommation des antidépresseurs reste assez longue : troubles digestifs (nausées, constipations, anorexie, vomissements) et des problèmes de sevrage…Certains chercheurs sont allés plus loin ont dénonçant les effets destructeurs de certains antidépresseurs.
Dans «Prozac Backlash », un livre qui traite des antidépresseurs populaires comme Zoloft et Prozac, son auteur, Joseph Glenmullen, psychiatre à Harvard, souligne que ces médicaments causent probablement des problèmes qui ne sont pas toujours reconnus : dommages au système nerveux, augmentation des tendances suicidaires ou violentes chez certains patients et des effets secondaires indésirables d’ordre sexuel. Il soutient dans son livre que les fabricants de médicaments ont réussi à maintes reprises à minimiser ou à nier ces problèmes, à éliminer des résultats de recherche défavorables voir même à manipuler l’opinion publique pour conserver leur part de marché.
Le psychiatre relate les pratiques des géants pharmaceutiques pour préserver la réputation de leurs produits : entretenir des liens étroits et souvent lucratifs avec des scientifiques et organismes de réglementation, financement des événements éducatifs publics et professionnels. Le but est d’étendre au maximum le marché de ces « pilules de bonheur »…

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