Dire que le mouvement islamiste marocain n’est pas homogène est un doux euphémisme. Mais quand on essaie de répertorier les composantes de la mouvance islamique, on trouve bien des similitudes au point de dire si les passerelles entre elles n’existent pas. Trois grandes organisations se partagent aujourd’hui le champ de l’activisme politique islamique, exception faite des résidus de la jeunesse islamique, interdite depuis toujours…
D’abord, le mouvement Al Adl Wal Ihssane de cheikh Abdeslam Yassine, que l’on donnait comme le plus dangereux des mouvements islamiques marocains, et dont les confrontations avec les forces de l’ordre, notamment en période estivale, avaient attiré l’attention de tous les observateurs.
Ce mouvement, non autorisé mais toléré, jongle avec une certaine aisance entre la modération et l’extrémisme, compte selon son guide, M. Yassine, sur un éventail de sympathisants de quatre millions de personnes, minimum. C’est à ce moment là que la grande quaouma, plus que la plus violente des révolutions, installera le régime islamique selon les règles de la khilafa (succession islamique). Ceci pour dire que l’organisation de Cheikh Yassine prépare le long terme. Ce qui théoriquement permet aux services de sécurité de la bien border et de minimiser son avancée et pourquoi pas la noyauter… L’objectif est le même pour le Parti de la justice et du développement (PJD).
Pour cette formation légale, composée de plusieurs organisations, le but est le même : instaurer le régime islamique. Les moyens diffèrent et c’est pour cela qu’ils ont choisi de prendre part aux élections. En quelque sorte, parvenir à installer l’islamisme par la voie des institutions. Ce n’est pas mal comme stratégie, disons-le. Mais entre la gestion quotidienne du PJD en tant que parti et les réglages spécifiques de chacune de ses composantes, il y a risque de dérapages et Abdelkrim Khatib, patron officiel du PJD n’est pas à l’abri de coups tordus… Les deux parties n’ont finalement rien à avoir avec les nihilistes de la Salafia Al Jihadia.
Ces groupuscules de fanatiques ne conçoivent leur raison d’être et leur attachement à la religion qu’en déversant le sang des autres. Activistes, certains d’entre eux sont en procès pour avoir lynché un soûlard. Leur procès qui a repris mercredi a été ajourné au mois de septembre prochain.
Ce groupe dont certains des leaders se réclament de Ben Laden, et autres Mollah Omar, chef des Talibans, n’hésitent devant rien pour assouvir leur besoin. Et leur tentative de s’approcher davantage de l’au-delà. Être kamikaze pour servir la cause de Dieu, tel est le but non avoué des adeptes de Salafia. Et pour ce faire, ils ne reculent devant rien. Même quand il s’agit de passer aux aveux, ils le font de manière spontanée…Les liens entre les membres de Salafia et les réseaux d’Al Qaida n’est pas difficile à faire éclater au grand jour…