Par autocars entiers, des citoyens venus des quatre coins du royaume, ont été déposés à quelques centaines de mètres du centre ville de Rabat, d’où devait s’ébranler la marche de solidarité avec le peuple palestinien, organisée à l’initiative de l’Association marocaine de soutien à la lutte palestinienne et soutenue par la totalité des organisations politiques, syndicales et de la société civile marocaines.
Sous le signe « nous sommes tous des palestiniens », les marocains ont défilé pour l’honneur, la dignité et le respect des droits humains et contre l’injustice, les atteintes flagrantes à tous les droits, us et usages internationaux par les israéliens et leurs alliés. Des dizaines de banderoles réaffirmaient le soutien jamais démenti des marocains au peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer sa liberté et établir son Etat avec Al Qods pour capitale.
Ils ont répondu massivement aux appels des différentes organisations politiques. Toutes les estimations paraissaient plausibles, tant la marée humaine s’étendait à perte de vue, le long de la longue et vaste avenue Ennasr à Rabat. Les premières lignes de manifestants arpentaient vers 11h45 les limites de l’avenue Ennasr, que les dernières lignes n’avaient pas encore quitté la place Bab El Had. Entre ses deux points, la marée humaine a investi l’avenue Mohammed V, a observé une longue halte devant le siège du Parlement et est repartie vers l’avenue Moulay Youssef avant de bifurquer vers l’avenue Ennasr en direction de la Place Bab Tamesna, point final de la marche déterminé par les organisateurs.
Dans le cortège, il aurait été vain d’essayer de relever une quelconque disposition en fonction de sensibilités politiques ou autres. La marche a été du début à la fin rythmée par le seul élan de solidarité avec le peuple palestinien dans sa lutte contre la barbarie israélienne. Par la seul besoin impérieux de crier à la face de la communauté internationale la dénonciation par le peuple marocain, dans toutes ses composantes, des flagrantes atteintes aux droits humains les plus élémentaires perpétrées en terre palestinienne par les soldats de Sharon, sans que rien de concret ne soit fait pour mettre un terme à cela. En tête du cortège, on a vu le Premier ministre et Premier secrétaire de l’USFP Abderrahmane Youssoufi, qui a exprimé dans une déclaration à la radio nationale, «la force avec laquelle le peuple marocain s’élève contre les oppresseurs qui continuent à perpétrer du terrorisme d’Etat, encouragés en cela par une sorte d’indulgence des milieux réellement influents dans le monde». on aura également vu plusieurs ministres, de différentes sensibilités politiques, des leaders de partis politiques et organisations syndicales et des acteurs de la société civile, totalement intégrés dans la foule des manifestants. Coté sécurité, rien n’a été laissé au hasard.
Dès les premières heures de la matinée, toutes les artères menant aux rues et avenues devant accueillir la marche ont été fermées à la circulation. Seuls les piétons pouvaient y évoluer. Les éléments des différents corps des forces de l’ordre ont cependant chômé de facto, aucun dérapage n’ayant été constaté au cours de la marche. Les éléments de la protection civile, non plus, n’ont pas eu à traiter de cas majeurs.
Un responsable du ministère de la Santé publique, qui a mis en place 12 points de secours, le long de l’itinéraire, équipés d’ambulances avec des médecins et infirmiers, n’a fait état que de quelques cas d’évanouissement « tout à fait coutumiers dans ce genre de manifestations ». Les urgences du CHU Avicennes et les services du centre de diagnostic de Rabat, maintenu ouvert ce dimanche, n’ont pas pour leur part eu à intervenir.
A la fin de la manifestation, un appel a été lancé par les organisateurs aux manifestants venus des autres villes du royaume, les informant que les autocars qui les avaient ramenés étaient, suite à un accord avec les transporteurs, maintenus à leur disposition pour le voyage du retour.
Une organisation sans faille, qui aura permis à des milliers de marocains d’exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et leur dénonciation de la barbarie israélienne, dans les pures formes de la manifestation civilisée. Pari tenu.
• Rabat, Kamal Benbrahim