Le problème est simple : 95% de la consommation d’énergie au Maroc sont le fait de l’agriculture, des transports et du bâtiment, lequel totalise à lui seul 36% de la consommation globale. Pour l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE), l’édifice de la rationalisation commence donc là où on pose la première pierre du bâti. Cette démarche, l’agence l’a expliquée à Rabat lors d’une «journée d’information sur les projets de démonstration d’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment appuyés par l’Union européenne».
Le ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement qui l’a présidée aux côtés de l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Maroc, a précisé les contours de la solution au gaspillage quand il a déclaré que sur les 9 projets retenus pour servir de modèles à l’économie d’énergie, 6 sont à usage d’habitation. Il a estimé que considérant le fait qu’on construit annuellement quelque 100.000 logements, les retombées peuvent constituer de grands progrès sur la voie des objectifs de réduction de la dépendance énergétique qui prévoient une économie de 12% de la facture en 2020 et de 18% en 2030. Car, a ajouté Fouad Douiri, les énergies fossiles seront de plus en plus chères dans un contexte où la demande sera de plus en plus croissante et quasiment incontournable. C’est pourquoi, a-t-il dit, il faut légiférer et règlementer au plus pressé et, dans cette optique, il a annoncé la mise en œuvre pour l’année prochaine de la loi 47-09 dont, au demeurant, il a souhaité l’extension à d’autres secteurs friands d’énergie.
L’ambassadeur, chef de la délégation européenne qui a placé le soutien des 27 au projet marocain dans le cadre des relations privilégiées bilatérales – l’UE y a contribué pour 10 millions d’euros- a dit l’importance que l’ensemble européen y accorde. Outre que la situation est sensiblement semblable dans les deux cas, puisque ni le Maroc ni l’Europe ne produisent d’hydrocarbures à suffisance, les 27 suivent avec intérêt les pas du Royaume vers les énergies renouvelables. Il n’est pas exclu que l’Europe importe un jour de l’énergie solaire produite au Maroc, a-t-il déclaré. Car, a estimé Eneko Landaburu, il faut penser les relations bilatérales autrement que sous l’angle de la libéralisation des échanges et du renforcement du commerce. Il est temps de les concevoir sur le mode de l’intégration économique, a-t-il ajouté avant de conclure que les 9 projets choisis font mieux qu’expliquer l’efficacité énergétique en en administrant la preuve et en en donnant l’exemple. Ce qui à son avis est plus efficace que la «théorie».
Le directeur de l’Aderee, Said Mouline, a estimé pour sa part que l’efficacité énergétique qui a prouvé sa rentabilité aujourd’hui sera incontournable demain. Il a précisé que les 9 projets retenus l’ont été après un zonage basé sur les spécificités climatiques des grandes régions du Maroc. L’objectif étant d’étendre les solutions de l’efficacité énergétique à l’ensemble du territoire national, a-t-il conclu.