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L’après M’daghri a commencé

C’est mardi 12 novembre, correspondant au 7 Ramadan que S.M. le Roi Mohammed VI a présidé la première causerie religieuse de ce mois sacré. Animée par le tout nouveau ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, cette causerie a eu pour thème « La descendance du prophète et le référentiel soufi dans l’histoire du Maroc », sur la base du Hadith dans lequel le prophète Sidna Mohammed dit: « Une partie de ma Oumma demeurera sur le droit chemin au Maghrib jusqu’au jour du jugement dernier ».
Connu pour avoir été un boutchichi, disciple d’une école de mysticisme, maîtrisant bien son thème, d’abord en tant que pratiquant et ensuite en tant qu’historien, M. Toufiq a ouvert le bal des causeries par un sujet pour le moins d’actualité. Ce n’est pas au fait la montée de l’intégrisme qui fait peur, mais c’est plutôt ce manque de mysticisme qui pose problème et la renaissance de ces modes de lien au créateur est significative à plusieurs égards.
M. Toufiq, qui s’est efforcé d’élucider le secret de la stabilité, de la continuité et de la singularité qui ont toujours caractérisé le Maroc, a mis en exergue deux facteurs qui, selon lui, ont grandement contribué au façonnement de l’histoire du pays, le rôle des chorfas et le soufisme.
Victimes de persécutions lors des grandes troubles et convulsions qui ont émaillé l’histoire de l’Islam, les Chorfa se sont dispersés dans différentes contrées de la terre d’Islam où ils ont joué des rôles d’avant-garde aux plans religieux, social et politique fondant même des Etats et des Emirats dans plusieurs régions, a rappelé le conférencier, estimant que la rencontre entre les Marocains et les Chorfa est la plus remarquable en terre d’Islam.
En présentant leur allégeance à Moulay Idriss Ben Abdellah après qu’il eut fondé la dynastie Idrisside, les Marocains ont trouvé en les Chorfa la solution politique idoine à leur crise religieuse et sociale, a relevé le conférencier.
C’est dire que l’apport de l’attachement des Marocains à l’Islam pur a été déterminant dans la continuité dynastique au Maroc, sa stabilité et surtout la longévité de son rayonnement à l’échelle africaine et méditerranéenne… Le choix du thème de la première causerie n’est jamais fortuit. C’est un indicateur de la vision du ministre des Affaires islamiques de la chose publique dans son acception la plus large. Et avec un thème sur le soufisme, M. Toufiq semble enterrer les thématiques de la soumission dont on était gavés du temps de Abdelkbir Alaoui Mdaghri et sa vision très étriquée et réductrice des notions de l’Islam et de son rôle de sécuritaire religieux.
Il est vrai que les Marocains sont restés tolérants, mais il est tout aussi vrai que la montée des intégrismes de tous bords n’est pas à exclure. Et le thème du soufisme pour démarrer les causeries religieuses s’inscrit dans une optique se voulant d’abord adoucissante, ensuite réconciliatrice et enfin attachée plus que jamais à la religion dans la pureté de ses sources. La tâche de Ahmed Toufiq dans la réhabilitation du département des Affaires islamiques commence par là; mardi, il en a donné le ton.

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