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Le boycott pour commencer

ALM : Pourquoi Annahj Addimokrati appelle-t-il une nouvelle fois à boycotter les élections ?
Abdellah Herrif : Tout d’abord, nous estimons que le changement nécessaire à une opération électorale transparente n’a pas encore eu lieu. C’est une réforme constitutionnelle en profondeur qui doit intervenir avant toute consultation électorale. Une réforme qui donne les pouvoirs qu’il faut à l’Exécutif et au législatif et qui garantit l’indépendance de l’appareil judiciaire. Sans cela, les élections transparentes demeurent un leurre.
Vous insinuez ainsi qu’il va y avoir des trafics de résultats ?
je pense que les résultats sont plutôt préparés à l’avance. Avec un mode de scrutin pareil, liste au plus fort reste, on privilégie les notables de partis. Et puis comment parler d’élections libres et transparentes si la femme n’est toujours pas considérée par la constitution sur le même pied d’égalité que l’homme.
Ou encore quand un pan entier de l’identité marocaine, à savoir la langue et la culture amazigh n’est pas reconnu en tant que tel… tout cela laisse des doutes quant aux résultats des élections et des institutions qui en sortiront.
Ces griefs sont-ils suffisants pour appeler au boycott ?
D’abord, c’est une question de principe. Il faut une réforme constitutionnelle avant les élections. Ensuite, sur le plan des détails, je peux citer le cas scandaleux des MRE non admis au vote, je cite aussi le cas des jeunes 18/20 ans considérés toujours comme mineurs alors que sur le plan du pénal, ils sont responsables de leurs actes à 16 ans. La régionalisation pour une plus large autonomie des régions n’est pas encore mise en chantier… tout cela nous pousse à boycotter et à appeler au boycott des élections.
Vous appelez au boycott, vous organisez des meetings… ce n’est pas très démocratique tout cela?
À ma connaissance, aucun de nos militants n’a été jusqu’à aujourd’hui inquiété parce qu’il a distribué des tracts ou appelé les gens au boycott. Un meeting qu’on devait organiser à Kénitra n’a pas été autorisé.
Mais à part des tracasseries du genre administratif, je n’ai pas eu vent de quelque problème que ce soit. Il faut dire dans ce contexte que nos militants sont toujours imprégnés par la culture de la clandestinité, ce qui les pousse à être prudents. Il y a de bons échos d’autant plus qu’on considère que l’attitude spontanée de la majorité est le boycott.

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