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Le changement des mentalités d’abord

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ALM : Le nouveau code de la famille sera présenté incessament en session plénière devant la Chambre des représentants. Comment voyez-vous les réformes qui ont été introduites sur la Moudawana?
Nadia Yassine : Je pense que notre position a toujours été très claire. Nous n’avons rien contre l’Ijtihad et nous saluons toute initiative dans ce sens. Mais, il faut reconnaître que ces réformes ont été élaborées afin de répondre aux attentes internationales et celles du mouvement féministe national plutôt que dans le but de procéder à un changement réel de la situation de la femme. Le seul point positif dans ce projet c’est qu’il a démontré que l’Islam a beaucoup de ressources. Car, même sans recourir à l’Ijtihad (jurisprudence dans le domaine de la Charia), on a pu montrer que l’Islam est une religion qui garantit les droits de la femme et sa dignité. Sur le plan pratique, nous devons souligner que cette réforme n’a été ni accompagnée ni précédée par une préparation de la société. La réforme est tellement mal comprise qu’elle est actuellement devenue un sujet prospère pour les blagues populaires. Par exemple, dans les lycées, les jeunes, garçons et filles, font circuler entre eux un texte caricatural dont la teneur est très significative puisqu’il montre que les jeunes générations pensent que désormais l’homme sera sous la tutelle de la femme. Donc, la société marocaine n’a pas été suffisamment préparée pour comprendre et assimiler cette réforme dans sa dimension réelle.
À votre avis, qu’est-ce qu’on aurait dû faire pour mieux préparer la société ?
Un texte de loi ne suffit pas pour créer une véritable révolution sociale. Il faut commencer par changer les mentalités. Et pour ce faire, il est indispensable de créer une dynamique de changement qui doit passer par les mosquées, les écoles, les universités etc. Cette dynamique devrait aider à ce que la société puisse faire une nouvelle lecture et avoir de nouveaux repères dans ce sujet. En deux mots : enlever le flou qui entoure ce sujet. Préparer la société c’est rééduquer et promouvoir le renouveau de la spiritualité. Par ailleurs, il est indispensable de doter la réforme des moyens nécessaires à sa réalisation car la liberté de la femme nécessite des moyens financiers. Donc, sans moyens financiers, il est impossible de réaliser la liberté.
Quelle appréciation faites-vous du débat politique et social qui a suivi la présentation du projet portant nouveau code de la famille ?
Je pense qu’il n’y a pas eu de véritable débat. Mais, ce qui m’a étonnée le plus c’est le changement de cap marqué par certaines formations politiques qui ont marqué un revirement de 180 degrés. Du jour au lendemain, des partis ont complètement changé de discours. Ainsi, on ne peut pas parler d’un débat.
Que pensez-vous de la position adoptée par le Parti de la Justice et du Développement (PJD) sur ce projet de loi ?
Je dirai simplement que le PJD est vraiment coincé depuis les évènements du 16 mai et je crois que cette date est très importante en ce qui concerne le changement de ses positions sur plusieurs dossiers. Pour le reste, pas de commentaire.
En tant que femme, Mme Yassine se sent-elle protégée par ce nouveau code de la famille ?
Je ne me sens pas protégée et je ne sens pas que mes filles sont en sécurité pour la simple raison qu’aucun texte de loi ne peut garantir une sécurité s’il n’est pas praticable et s’il n’est pas accompagné de mesures administratives et judiciaires pouvant assurer son application. Même si le texte est révolutionnaire, il faut qu’il soit accompagné d’une révolution sociale.

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