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Le conseil national décide le retrait du cabinet Benkirane

© D.R

En principe, la 3ème réunion du conseil national de l’Istiqlal dont les travaux se sont déroulés samedi à Rabat est ordinaire. Mais du fait que 70 orateurs se sont succédé à la tribune pour dire leurs points de vue sur les 2 points à l’ordre du jour – l’unité territoriale et le retrait du gouvernement-, cette 3ème réunion a été proprement extraordinaire et a eu sur le déroulé politique national en ce milieu de printemps l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel d’été.

En débouchant sur le retrait de l’Istiqlal de la coalition gouvernementale, elle marque en effet l’un des tournants les plus significatifs de l’évolution récente de ce parti et restera sans doute aussi l’une des étapes les plus cruciales de l’évolution politique actuelle. Que plus de 800 membres du conseil national de l’Istiqlal y aient en effet demandé et obtenu le retrait de leur formation politique du cabinet dirigé par Abdelilah Benkirane, n’a pas peu surpris au moment où la surenchère des différents partenaires politiques avait fini par faire partie du décor. Si on a cru pendant un certain temps à une nouvelle joute oratoire entre le PI et le PJD, le communiqué final adopté à l’issue de ces assises est sans appel : la 2ème composante en importance du gouvernement a décidé de se retirer de la coalition au pouvoir et en informe SM le Roi.     
Pourtant, au départ de la réunion, en dépit des représentants de la jeunesse istiqlalienne qui demandaient à cor et à cri la rupture avec un gouvernement dominé par un PJD dominateur et «qui avait fini par monopoliser la décision et par décevoir tout le monde», peu nombreux ont été ceux qui pensaient réellement que les «Jeunes-Turcs» allaient avoir gain de cause. Alors que la réunion se mettait en place, peu nombreuses étaient en effet les signatures apposées sur les listes auxquelles ils conviaient l’assistance. C’est au moment de la prise de parole de Hamid Chabat et plus nettement après, que les choses ont basculé. Comme à son habitude, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal a tiré à feu nourri sur le gouvernement, le critiquant tout à la fois sur ses procédés que sur son rendu, pourfendant autant les styles que les personnes. Ce gouvernement s’est mis tout le monde à dos: la CGEM, les autres partis, les citoyens, a-t-il commencé par dire sous les applaudissements, avant de déclarer que si le fait d’y participer n’est pas une erreur, vu le contexte de l’époque – qui selon lui rappelle celui qui a donné naissance au 1er gouvernement de transition- c’en est certainement une que d’y rester.

En fait, Hamid Chabat estime que les méthodes «dictatoriales» de Abdelilah Benkirane, ses prises de décision unilatérale rendent impossible la participation à la gestion publique à ses côtés. Et cela d’autant plus, a-t-il laissé entendre, que sa méthode pour trouver solution à la crise économique qui s’est installée n’est pas bonne. «Nous autres au parti de l’Istiqlal avons les clefs de la porte de sortie, car nous avons des objectifs quand ils n’ont que des slogans». Il a, en outre, estimé que le PJD est bien mal venu de se poser en pourfendeur de la malgouvernance, lui «dont les 10 présidents de communes ont tous maille à partir avec la justice quand nous en avons 450 dont la gestion est sans tache».

Mais c’est en visionnaire plus qu’en adversaire politique du chef de gouvernement que Hamid Chabat a parlé lors de cette 3ème réunion du conseil national du parti de l’Istiqlal. En réitérant son appel à la libération du Sahara oriental sous administration algérienne – T’ouate, Tendrara, Knadsa, Tindouf, Bechar-, sujet qu’il avait déjà évoqué le 1er mai, il a jugé que pour contrer les manœuvres engagées par le pays voisin dans notre Sahara par Polisario interposé: «l’attaque est la meilleure stratégie de défense». Dans cette optique, il a demandé au gouvernement d’introduire auprès de l’ONU une procédure concernant cette question du Sahara oriental. Il a également estimé que pour conforter les acquis réalisés sur le plan de l’intégrité territoriale de la Nation, il est urgent d’initier le processus de régionalisation avancée.

L’initiative lui paraît d’autant plus nécessaire que «le gouvernement peine à confectionner et à faire adopter les lois organiques demandées».
Constat qui l’a conduit à lancer en direction de ses parlementaires un appel à produire le plus grand nombre de propositions de lois, une fois le parti passé à l’opposition. Plus sans doute que cette allusion directe à une éventuelle rupture avec la coalition, c’est le rappel des fondamentaux «du parti d’Allal El Fassi» qui a conforté la jeunesse istiqlalienne dans sa demande de coupure des ponts avec le PJD.

En reprenant ses accusations sur les visées électoralistes de ce dernier parti, coupable, selon lui, de rétention d’investissements publics afin de les mettre au service de son image publique, Hamid Chabat a rappelé que le PI ne s’est jamais laissé obnubiler par le pouvoir, ni n’a un jour craint de se retrouver sur les bancs de l’opposition, car «ce qui l’anime, quelle que soit la place qu’il occupe sur l’échiquier politique, qu’il soit aux commandes ou en face, c’est l’intérêt de la Nation». Cette dernière phrase a été comprise par beaucoup de jeunes Istiqlaliens comme une invite «à faire ce qu’il y a de mieux à faire, vu les circonstances».

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