Comment peut-on qualifier la politique économique du Maroc depuis que le ministre Oualalou s’occupe du portefeuille des Finances? En fait, le bilan de ce super ministre est assez mitigé. Le montant des investissements publics n’a guerre dépassé les 19 milliards de DH depuis des années. Fathallah Oualalou a privilégié dès le départ les grands équilibres fondamentaux du budget, mettant entre parenthèse tous les investissements à caractère social, comme l’habitat, l’enseignement et la santé. Mais son choix s’est avéré peu concluant à plusieurs titres. Prenons l’exemple du chômage dont le taux atteint les 18% des la population active. Les principales personnes concernées sont des jeunes âgés de moins de 35 ans. Ainsi, le taux de croissance de l’économie marocaine demeure assez faible. Il tourne autour des 3,5% depuis des années. Selon d’éminents économistes, notre pays a besoin d’un taux de croissance aux alentours de 6% pour stabiliser le taux de chômage. Mais pour réussir cet exploit, beaucoup de conditions doivent être réunies. Il faut essentiellement avoir sur le marché de l’emploi des jeunes non seulement détenteurs d’une compétence mais encore faut-il que cette compétence soit adaptée au marché de l’emploi. En d’autres termes, la formation des jeunes doit répondre aux besoins des entreprises. Sur le volet des compétences, le Maroc a pendant longtemps marginalisé la politique de l’enseignement. A tel point que certains ont même commencé à affirmer que « l’école marocaine est une machine à produire des chômeurs ». Comment Oualalou peut-il tenir aussi farouchement à ses équilibres fondamentaux quand l’enseignement nécessite des milliards de DH pour sa mise à niveau ? Autre indice de l’échec de la vision Oualalou: la baisse de l’IGR de 44% à 41,5%. Le but de cette mesure est bien évidemment de stimuler la consommation des ménages et partant relancer la machine économique. Le problème est que les bénéficiaires de cette mesure sont les salariés qui touchent mensuellement 5.000 DH et plus. En fait, il a été prouvé à maintes reprises que les riches consomment beaucoup moins que les pauvres. En d’autres termes, ne fallait-il pas baisser l’IGR à ces derniers? Une question à laquelle seule Oualalou est capable de répondre. En fait, même si la politique de Oualalou est défendue par les experts de la Banque Mondiale et le FMI (des institutions qui ont toujours prôné l’austérité), dans la pratique, par contre, elle ne fait qu’aggraver le fossé qui existe déjà entre les riches et les pauvres. Cette politique est en conclusion un frein au décollage économique. Le gouvernement devrait sérieusement réfléchir au lancement de grands chantiers où des milliers de Marocains peuvent travailler.