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Le flou plane sur le marché boursier casablancais

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Une semaine après la réunion du Conseil d’administration du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), à la Bourse on perd le moral. Les deux baromètres de la place casablancaise ont plongé cette semaine  au lendemain de l’annonce de la demande qu’a explicitement formulée Dounia Taârji à Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, de remplacer les membres du Directoire de la société gestionnaire.
Le gendarme de la Bourse considère que la diffusion des informations sur le carnet d’ordres transmis par la Bourse de Casablanca résulte d’une «carence collective grave» au niveau du management de cette place financière. De quoi créer un climat de méfiance et de suspicion qui n’incite pas à trop investir. De – 0,62% en début de semaine, le Masi a chuté de 1,03 % mercredi dernier, marquant une contre-performance annuelle de 8,96 %. Pour le Madex, la contre-performance annuelle a atteint 9,17%.
La directrice générale du CDVM, financière de formation, appelle tous les acteurs et intervenants du marché financier à faire preuve d’«éthique», d’«objectivité»,  de «discipline» et de «rigueur». Quatre mots d’ordre pour «éviter toute perturbation de notre marché, et pour permettre un développement harmonieux et sécurisé de la place financière marocaine». Et c’est bel et bien ce souci de «sécurisation» qui a poussé les responsables de la Bourse à une mise à niveau du département informatique.
Tout a commencé le 3 mars dernier, lorsque la Bourse casablancaise a adopté un nouveau système électronique de cotation avec l’assistance d’Euronext. Le V900 est un système de cotation électronique utilisé dans plus de 15 Bourses internationales dont celle de Paris. Mais, il ne suffit pas de mettre en place un nouveau système performant pour que la bourse de Casablanca puisse être au diapason des places internationales. Il faut surtout des ressources humaines compétentes capables de relever le défi. Tout système et toute organisation, en l’occurrence dans le monde des finances, sont perfectibles. La crise que traverse actuellement la place financière servira aussi à montrer et démontrer que le risque des défaillances techniques est à prendre au sérieux. Et les responsables doivent en tirer les conséquences. Pendant six mois, le contenu des informations diffusées, qui aurait dû être paramétré et contrôlé au moment de la migration vers le nouveau système de cotation, n’a pas été contrôlé. Ceci engagerait pleinement la responsabilité de la société gestionnaire de la Bourse, comme l’a déclaré le conseil d’administration du CDVM, suite à sa réunion du mercredi 12 novembre. Ceci dit, une institution comme la Bourse fonctionne sur des compétences collectives et une fiabilité de tous les départements. Du moins, elle est censée l’être. Un quelconque dysfonctionnement dans n’importe quelle cellule de ce gros bâtiment sur l’avenue des FAR est un grain de sable capable de gripper toute la machine et toutes ses ramifications.
Dans son rapport d’enquête sur la baisse du marché boursier durant les séances du 15 au 17 septembre 2008 et sur la diffusion d’informations non-publiques relatives au carnet d’ordres de la Bourse, le CDVM a innocenté Boursomaroc et Dar Tawfir. Il a également souligné que les ventes à découvert sont marginales et ne peuvent avoir eu d’impact sur le marché durant ces trois journées ramadanesques. Pour le gendarme de la bourse, la baisse du marché a été suscitée par la conjonction de plusieurs facteurs. Ces derniers qui, pris individuellement, ne peuvent susciter une tendance, mais dans le contexte particulier des journées du 15 et du 16 septembre, ils ont pu contribuer à alimenter la baisse des cours et le sentiment de panique. C’est donc cette «conjonction» de facteurs qui est à l’origine de ce krach boursier.
Deux mois après, Dounia Taârji finalise son enquête, sort avec cette conclusion, qui laisse sur sa faim nombre d’observateurs, et cherche des responsables. Qui va donc payer les pots cassés ?
«Je ne suis pas sûre que demander le remplacement des membres du directoire puisse être considéré comme une attitude conciliante…Le CDVM essaie de faire son travail de façon rigoureuse et objective, sans se laisser influencer par les uns ou les autres. Ce n’est pas parce que l’opinion publique souhaite trouver des responsables à la chute des cours qu’il faut sanctionner tout le monde», s’explique Mme Taârji dans un entretien accordé au quotidien l’Economiste, jeudi 20 novembre. «En demandant le remplacement des membres du directoire de la société gestionnaire, le Conseil d’administration démontre son souci de rechercher les véritables responsabilités et de ne pas céder à la tentation facile de trouver des boucs émissaires», a ajouté cette ancienne de CFG Group. Des boucs émissaires. Le mot est lâché. Mais, la directrice générale du CDVM sait très bien que, quel que soit le système et sa performance, il n’est pas fait pour gérer la mauvaise foi ou l’indélicatesse. L’important, aujourd’hui, est de mettre en place des procédures permettant de protéger au maximum cette place contre toutes déviances. C’est une urgence doublée d’un défi. Celui de pouvoir détecter suffisamment tôt tout dysfonctionnement de la machine financière. D’ailleurs, le président de la Bourse a décidé, dès son arrivée – très récente, d’ailleurs – et après avoir fait une première évaluation de la situation, de créer un département de contrôle interne qui va prendre en charge l’ensemble des aspects liés à la sécurisation de toutes ses activités. De la gestion des process aux ressources humaines. Et ce sont deux groupes de renommée internationale qui sont en train d’assister la Bourse dans cette mise à niveau. Il s’agit d’Eurogroup et Euronext, et ce, dans le cadre d’un schéma directeur pour la période 2008-2012.  
Ce qui est bizarre dans toute cette affaire est le fait que le communiqué du CDVM a désigné un coupable et a émis une sentence. Or, le principe universellement reconnu par tous les systèmes juridiques est que l’on ne peut juger et condamner sans avoir – au moins – entendu « la partie accusée ». Jusqu’à maintenant, on a entendu une accusation et un appel à limogeage lancé au ministre de l’Economie et des Finances, mais il n’y a eu aucune allusion à une demande d’explications aux premiers concernés. Avant de trancher, le ministre de l’Economie et des Finances devrait accorder le droit de réplique à l’autre partie.



CDVM : Six nouvelles actions


Suite à ses investigations, le Conseil d’administration a décidé de mener 6 actions afin de mieux encadrer les domaines suivants:
– L’interdiction des ventes à découvert doit être plus explicite dans la réglementation.
– Les comptes des brokers étrangers doivent être établis de manière à permettre la traçabilité complète des transactions jusqu’au client final, sans possibilité de globalisation.
– Le prêt-emprunt de titres doit faire l’objet d’un encadrement adéquat.
– Le fonctionnement des programmes de rachat doit être encadré, pour éviter que ces programmes ne pèsent sur la formation des cours.
– La diffusion d’informations sur la situation du marché, notamment à travers des diffuseurs professionnels, doit être encadrée à travers le contrôle de la capacité des diffuseurs et de l’information diffusée.
–  La clarification du contrôle de la Bourse de Casablanca, afin de s’assurer que toutes les dimensions de l’activité et du fonctionnement de la Société gestionnaire sont effectivement couvertes.

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