Le gouvernement inaugure le chantier de la loi de Finances 2024. Après une présentation de la ministre de l’économie et des finances, c’était au tour du ministre délégué chargé du budget de faire le point au Parlement. Les détails.
Les efforts gouvernementaux ont été concluants avec le rétablissement du système économique national malgré la persistance d’une conjoncture internationale assez délicate. En effet, le ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a indiqué, vendredi à Rabat, que sur la base des hypothèses retenues, l’économie nationale devrait enregistrer une croissance de 3,7% en 2024, contre un taux de +3,4% prévu en 2023. M. Lekjaa, qui présentait le cadre général du projet de loi de Finances (PLF) au titre de l’année 2024 lors d’une réunion conjointe des commissions des finances de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers, a souligné que le taux de croissance devrait, à moyen terme, s’établir à 4%. Ces prévisions, a-t-il noté, pourraient être révisées à la baisse en cas de poursuite de la dégradation des perspectives économiques mondiales, en raison notamment des répercussions du conflit Russie-Ukraine et son impact sur les cours des matières premières et des chaînes mondiales de production et d’approvisionnement, en plus du durcissement des conditions monétaires.
Dans les détails, M. Lekjaa a précisé que selon les prévisions de la programmation budgétaire triennale 2024-2026, le produit intérieur brut (PIB) devrait afficher une croissance de 3,7% en 2024, 3,6% en 2025 et 4% en 2026. S’agissant de la valeur ajoutée (VA) agricole, elle progresserait de 5,9% en 2024, de 4,1% en 2025 et de 4,8% en 2026, alors que le rythme de croissance de la VA non agricole s’établirait à 3,4% en 2024, à 3,6% en 2025 et à 3,9% en 2026. Lesdites hypothèses se basent aussi sur un taux d’inflation limité à 3,4% en 2024 et à 2% en 2025 et 2026.
IDE
Le ministre a fait valoir que l’économie nationale maintient sa stabilité grâce aux politiques adoptées, malgré la persistance d’une conjoncture internationale difficile, précisant que cela renforce la confiance de la communauté financière internationale, qui est un facteur clé dans la mobilisation des financements à faible coût et dans l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE). Cette confiance s’est concrétisée, selon M. Lekjaa, par la sortie du Maroc en février dernier de la «liste grise» du Groupe d’action financière (GAFI) après l’évaluation de la conformité du pays aux normes internationales en matière de lutte anti-blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, ainsi que la sortie remarquable du Maroc en mars 2023 sur le marché financier international, avec l’émission d’un emprunt obligataire d’un montant global de 2,5 milliards de dollars.
En outre, le Royaume a pu bénéficier en avril 2023 de la ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), a enchaîné le ministre, rappelant le retrait par la Commission européenne du Maroc de la liste grise de l’UE en mai dernier.
Par ailleurs, le ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a indiqué que le déficit budgétaire devrait diminuer à 4% en 2024, à 3,5% en 2025 et à 3% en 2026 et ce, selon la programmation budgétaire triennale (PBT) de cette période. M. Lekjaa a souligné que la maîtrise du niveau du déficit conformément à la trajectoire ciblée dans le cadre de la PBT pour préserver la soutenabilité de la dette, nécessite la poursuite des réformes et la mise en place de mesures visant à mobiliser des marges supplémentaires aussi bien au niveau des recettes que des dépenses.
Loi de Finances 2023
Le ministre a également souligné la nécessité de prendre les mesures nécessaires tant au niveau des ressources que des dépenses afin de maîtriser le déficit budgétaire au niveau fixé dans le cadre de la loi de Finances pour l’année 2023, soit à 4,5% du produit intérieur brut (PIB), et ce, en fonction des résultats obtenus à la fin du premier semestre de l’année en cours, des perspectives d’évolution du cadre macroéconomique sur le reste de l’année, ainsi que du coût des mesures prises pour limiter les répercussions des pressions inflationnistes et de la sécheresse. S’agissant des dépenses, elles ont été exécutées à fin 2023, conformément aux prévisions de la loi de Finances, enregistrant une augmentation par rapport à la même période de l’année 2022, a indiqué le ministre, ajoutant que le déficit budgétaire a augmenté de 9,6 milliards de dirhams (MMDH) pour atteindre 27,8 MMDH, soit près de 42,3% du niveau prévu au titre de la loi de Finances. Et de poursuivre que le déficit du compte courant ne devrait pas dépasser 2,5% du PIB en 2023, grâce à l’amélioration des prix à l’importation, à l’évolution positive des exportations, ainsi qu’à la poursuite de la reprise de l’activité touristique et au dynamisme des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Selon M. Lekjaa, le niveau des réserves de change de Bank Al-Maghrib (BAM) devrait se maintenir à un niveau équivalent à 6 mois d’importations de biens et services. Par ailleurs, le responsable a noté que la loi de Finances a été exécutée au cours du premier semestre de l’année en cours, dans un contexte qui demeure caractérisé par des pressions inflationnistes persistantes et un resserrement des politiques monétaires aux niveaux international et national.
Et de conclure que dans ce contexte le gouvernement poursuit ses efforts pour concilier, d’une part, la lutte contre les pressions inflationnistes par des mesures conjoncturelles afin de maîtriser la hausse des prix alimentaires et honorer les engagements gouvernementaux, à travers la mise en œuvre des réformes nécessaires dans le domaine social, la mobilisation des ressources hydriques et la stimulation des investissements, et d’autre part, l’amélioration des marges budgétaires.
Prévisions : Selon le ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, Fouzi Lekjaa, l’inflation suit une trajectoire baissière progressive à la faveur des mesures d’urgence accompagnant le resserrement de la politique monétaire. «Cette tendance baissière de l’inflation devrait se poursuivre», a estimé M. Lekjaa, soulignant par ailleurs la transformation progressive des pressions inflationnistes, principalement externes, en pressions internes depuis le début du deuxième trimestre de l’année 2022, pour s’étendre aux matières premières locales, en plus de la sécheresse et du stress hydrique qui ont accentué l’augmentation des prix des produits alimentaires. Cette baisse progressive de l’inflation, a-t-il ajouté, se poursuit compte tenu notamment de la baisse des cours des matières premières, de l’apaisement des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et de la baisse considérable des frais du fret maritime. Parmi les facteurs à même de faire baisser l’inflation, poursuit le ministre, figurent les efforts concertés pour accompagner le caractère restrictif de la politique monétaire, notamment les mesures d’urgence prises par le gouvernement afin d’atténuer les répercussions de l’inflation sur les prix locaux et de fournir des matières premières à des prix en ligne avec le pouvoir d’achat des ménages et les activités de certains secteurs.
Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget
«L’économie nationale maintient sa stabilité grâce aux politiques adoptées, malgré la persistance d’une conjoncture internationale difficile. Cela renforce la confiance de la communauté financière internationale, qui est un facteur clé dans la mobilisation des financements à faible coût et dans l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE). Cette confiance s’est concrétisée par la sortie du Maroc en février dernier de la «liste grise» du Groupe d’action financière (GAFI) ainsi que la sortie remarquable du Maroc en mars 2023 sur le marché financier international, avec l’émission d’un emprunt obligataire d’un montant global de 2,5 milliards de dollars».
Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement
«Le Conseil de gouvernement a suivi un exposé sur l’exécution de la loi de Finances (LF) au titre de l’exercice 2023, l’élaboration du projet de loi de Finances (PLF) de l’année 2024, ainsi que la programmation budgétaire triennale 2024-2026. Présenté par la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah, cet exposé passe en revue l’évolution de la situation économique internationale et nationale durant les six premiers mois de l’année en cours, l’exécution de la LF à fin juin 2023 et les prévisions de fin d’année, outre la programmation budgétaire triennale 2024-2026».