Quand surviennent des cas d’intoxication alimentaire au Maroc, c’est le même scénario qui se répète: émoi parmi la population et les médias et arrestation du vendeur de la bouffe mortelle incriminé. L’affaire s’arrête là. Elle ne va jamais au-delà pour déterminer les vraies responsabilités et agir en conséquence.
Tout se passe en effet comme si les services d’hygiène n’étaient pas concernés par ces drames récurrents et qu’ils n’avaient aucun rôle dans ces intoxications alimentaires qui sont devenues une habitude au Maroc. Pourtant, ces organes de contrôle, censés fonctionner en permanence pour protéger les citoyens contre ce genre de menace tapie dans la malbouffe, existent à l’échelon local : la commune et la communauté urbaine possèdent les siens, le ministère de l’Agriculture aussi. Or, on se demande à quoi servent les agents qui travaillent dans les services en question.
De fait, le problème est plus compliqué qu’il n’y paraît. Au Maroc, n’importe qui peut vendre n’importe quoi aussi bien dans la rue que dans les gargotes. Qu’ils soient sédentaires ou ambulants, ces commerçants des sandwiches de la mort, à base de produits potentiellement dangereux car échappant à tout contrôle, font partie du paysage. Le plus grave, c’est qu’il y a toujours des gens pour avaler ces objets cuits non identifiés qui macèrent dans des sauces aléatoires. Plus grave encore, ce commerce de tous les dangers qui va en se développant, où peut se recycler sans autorisation tout individu en mal d’emploi, est toléré par les autorités locales depuis des années. C’est ce laxisme-là qui tue. C’est cette capacité à jouer avec la santé des gens qui fait scandale. Personne ne s’en émeut jusqu’à ce que les dégâts soient signalés et que les victimes soient hospitalisées dans les urgences.
Quand ce n’est pas la mortadelle qui tue, ce sont les encas au thon ou au merguez qui font des ravages. Un cycle mortel qui doit pouvoir s’arrêter…