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Le Maroc exporte moins en volumes mais plus cher

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Sauf que cette évolution cache tout de même un phénomène inquiétant. En effet, à l’examen de plus près des chiffres des exportations à fin 2011, l’on se rend compte que l’évolution, a priori respectable des exportations, s’explique en grande partie plus par un effet de prix que par des volumes. En d’autres termes, la performance à l’export ne veut pas dire que le Maroc a vendu plus en tonnages mais seulement parce que à l’international les cours et prix de certains produits ont explosé. D’ailleurs, à fin novembre 2011, les chiffres précis sur les volumes n’étant pas encore disponibles pour décembre, les exportations ont baissé de -2,1% en volume exprimé en millions de tonnes. En même temps, la valeur, elle, a augmenté de +15,1%. Le Maroc a donc exporté légèrement moins mais à de meilleurs prix. Ce cas s’applique particulièrement à des produits comme les phosphates et dérivés. A deux, ils ont rapporté au Maroc quelque 11,4 milliards DH de plus que l’année dernière sachant qu’en termes de volumes, on a exporté presque 900 millions de tonnes en moins qu’en 2010 (jusqu’à novembre dernier) et à peine 286 millions de tonnes de plus pour les dérivés. Pour ces derniers, par exemple, la valeur à l’export est passée de 4.500 à 6.000 DH la tonne, soit une hausse de 29%. De même, pour le prix de la tonne de phosphate exportée est passé de 870 à 1.300 DH, soit une augmentation de +50% qui a permis de supprimer largement l’effet de la baisse des tonnages vendus. L’effet prix est également très présent pour d’autres produits comme les déchets métalliques (cuivre surtout) dont les exportations en 2011 ont atteint 3,3 milliards DH contre 1,8 milliard en 2010. Ce doublement, ou presque, s’explique là aussi par les cours des débris de métaux avec une valeur moyenne de la tonne exportée qui est passée de 75.000 à 100.000 DH. Cela dit, pour certains produits, l’évolution remarquable des exportations provient réellement du fait que le Maroc en a exporté davantage en volumes. C’est le cas essentiellement des huiles de pétrole et lubrifiants qui ont rapporté 3,6 milliards DH en devises de plus que l’année dernière. A fin 2011, les exportations totales de ces produits ont atteint 12,5 milliards contre 9 milliards en 2010. Certes, il y a un effet prix mais combiné aussi à un effet de volume puisque le Maroc a exporté 511.000 tonnes (à fin novembre) contre 200.000 seulement en novembre 2010. Mais c’est dans les voitures industrielles que l’ont ressent le plus cet effet. Leurs exportations se sont élevées à 2 milliards DH en 2011 contre 1,1 milliard en 2010. Au final, il semble bien que malgré le lancement, en grande pompe, de la stratégie Maroc Export Plus depuis plusieurs années, l’offre exportable du Maroc est toujours tributaire de quelques produits classiques et de l’évolution de cours mondiaux. Voilà manifestement une grande problématique que le nouveau gouvernement devra aussi traiter en priorité.

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