A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre progressait de 54 cents à 70,35 dollars lors des échanges électroniques vers 10h00 GMT.
Il a touché mardi son record historique, à 70,85 USD, puis enregistré un record de clôture à 69,81 dollars.
A Londres, le Brent de la mer du Nord prenait 28 cents, à 67,85 dollars vers 10h30 GMT.
La veille, il avait également atteint un nouveau record historique en séance, à 68,89 USD.
"Les cours sont de nouveau en hausse ce matin (mercredi) parce que le marché s’inquiète des dégâts causés par l’ouragan Katrina dans le golfe du Mexique", résumait Sam Tilley, analyste à la maison de courtage Sucden.
Selon cet économiste, la production de pétrole de la région était amputée à 90%.
Selon le Minerals Management Service (MMS), une agence du ministère de l’Intérieur, 1,4 million de barils manquent chaque jour depuis les dégâts causés par Katrina.
Mais le marché n’était pas tant inquiet de l’extraction de brut que des pertes de capacités de raffinage, alors que la demande en produits transformés est forte et que les capacités de production sont très serrées.
Sur les 17 grandes raffineries de la région, cinq au moins restaient fermées mardi soir, de même que le grand terminal pétrolier Louisiana Offshore Oil Port (LOOP), le plus important des Etats-Unis par lequel transitent, en temps normal, environ 11% des importations du pays.
D’après les estimations de Sucden, "il manque une capacité de raffinage cumulée de 1,744 millions de barils par jour".
De plus, Mike Wittner, analyste à la banque Calyon, soulignait "un vide d’information sur l’état des livraisons de brut et sur l’état des raffineries".
"Etant donné la façon dont les marchés de l’énergie sont menés par les produits (distillés et essence, ndlr), depuis hier et encore ce matin, c’est l’approvisionnement en produits transformés qui inquiète le marché", ajoutait-il.
Les cours du contrat d’essence rapproché à New York ont bondi mardi de 41,39 cents à 2,4745 dollars le gallon (3,78 litres), et ceux du fioul de chauffage ont terminé à 2,0759 dollars le gallon, emmenant dans leur sillage les cours du brut.
"Le moteur hier (mardi) était le marché de l’essence, entré dans une crise majeure (…) entretenue par les pertes de capacités de raffinage", confirmaient les économistes de la banque Barclays Capital.
Les investisseurs attendaient aussi les chiffres des stocks hebdomadaires américains, qui pourraient encore augmenter la pression sur les cours.
Les analystes tablent en moyenne sur une progression des stocks de brut d’un million de barils lors de la semaine terminée le 26 août. Cependant, comme la disponibilité du brut n’est pas leur souci principal, cette progression sera au mieux neutre.
Les stocks de produits distillés pourraient avoir progressé de 1,5 mb, alors que les stocks d’essence devraient avoir reculé au contraire de plus de 1,6 mb.
"Katrina n’aura rien à voir avec ce recul des stocks d’essence", notait Mike Wittner, de Calyon.
"Mais étant donné la psychologie du marché, ce recul pourrait jeter de l’huile sur le feu: c’est un recul anticipé et qui est normal pour cette époque de l’année, mais les intervenants pourraient bien l’interpréter comme un signal haussier", prévoyait-il.
Dans ce contexte, l’hypothèse que le gouvernement américain pourrait mettre à disposition des raffineries une partie de ses réserves stratégiques de brut n’était pas non plus de nature à calmer le marché.
"Cette réaction (des autorités) au coup par coup est une information neutre, car les marchés l’intègrent déjà", estimait Mike Wittner.