L’acharnement du Parti de la justice et du développement (PJD) contre le parti Authenticité et Modernité (PAM) défraye la chronique. Depuis quelques semaines, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, et les autres dirigeants de ce parti islamiste saisissent toutes les occasions pour tirer à boulets rouges contre le parti dirigé par Mohamed Cheikh Biadillah. La formation islamiste fait du harcèlement des dirigeants du parti du Tracteur son cheval de bataille en perspective des prochaines élections législatives. Les sorties médiatiques récentes de M. Benkirane en sont témoins. A travers les médias, le PJD dénonce ce qu’il qualifie de «pratiques non-démocratiques et malhonnêtes» qui auraient permis, selon les islamistes, au PAM de se renforcer au détriment des autres partis politiques et de se positionner en tant que parti leader sur la scène politique marocaine. Aussi, selon le PJD, la présence du PAM sur la scène politique et partisane serait, désormais, «incompatible» avec la nouvelle ère démocratique inaugurée par le nouveau texte constitutionnel. M. Benkirane s’attaque frontalement au parti fondé par Fouad Ali El Himma. Dans un communiqué du secrétariat général du PJD rendu public dimanche 10 juillet, le PJD a posé comme condition à sa participation aux prochaines législatives de revoir l’administration territoriale actuelle qui a été composée, selon la même source, «au moment où ce qu’on qualifiait de parti de l’administration imposait son hégémonie, étant donné que plusieurs agents d’autorité, des walis et des gouverneurs actuels sont connus pour leur allégeance à ce parti et à son fondateur». En fait, depuis la création du PAM, le parti islamiste accuse ce dernier d’influencer certaines institutions administratives et judiciaires.
Le PJD est allé, aujourd’hui, encore plus loin en menaçant de rejoindre les rangs du Mouvement du 20 février au cas où le PAM remporterait les prochaines élections. «La victoire du PAM aux élections sera assimilée à un tsunami politique. Le PAM n’est capable d’arriver à la première place qu’avec l’aide du ministère de l’Intérieur. Et bien évidemment, l’Intérieur ne pourra pas agir de la sorte car cela risque de provoquer une grande crise et à ce moment-là nous rejoindrons tous le Mouvement du 20 février», a souligné Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, dans un entretien à Akhbar Al-Youm Al Maghribiya publié dans son édition du mercredi 13 juillet. Aussi, dans la campagne menée par le PJD, les attaques personnelles sont légion. Les dirigeants du PJD ne cessent d’exhorter, à tour de rôle, certains membres fondateurs du PAM, notamment Fouad Ali El Himma et Ilyass El Omari «à quitter la scène politique et à présenter des excuses au peuple marocain», les accusant d’avoir «altéré la vie politique». Selon des observateurs avertis, le contexte politique actuel joue en faveur de la formation islamiste. Selon ces derniers, le PJD aurait tiré énormément profit de la conjoncture marquée par les démarches de protestation du 20 février qui ne cesse d’appeler à dissoudre le PAM et au départ de ses dirigeants. Sans conteste, le duel PAM-PJD promet des rebondissements dans les mois à venir. Les prochaines élections législatives seront décisives pour les deux partis.