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Le retard des pluies menace l’activité économique

En cette fin de mois de novembre, les agriculteurs marocains scrutent le ciel avec une angoisse prégnante. Les pluies tardent à venir et la situation des retenues des barrages commence à devenir inquiétante. En effet, en plus de la rareté des ressources, la disponibilité de l’eau est de plus en plus soumise à l’effet de l’irrégularité climatique. Les courbes enregistrent depuis les années soixante une baisse continue. De même, les très bonnes années agricoles n’ont pas été très favorables sur le plan de la reconstitution des réserves en eau. Mais à quoi servent les barrages érigés à coup de milliards de dollars diront certains ? Le grand élan de construction de grands et de petits barrages, qui a été lancé depuis 1975, afin d’irriguer un million d’hectares en l’an 2000 continue aujourd’hui encore. Déjà en 1994, 86 grands barrages étaient opérationnels au Maroc, totalisant une capacité totale de l’ordre de milliards de m3 d’eau. Si cette capacité s’est élevée à 13 milliards de m3 en l’an 2000, la superficie irriguée ne concerne encore que le huitième des terres cultivées. L’objectif du million d’hectares fixé est loin d’être atteint. En effet, les barrages marocains souffrent d’un mal congénital à savoir qu’ils ont avant tout une fonction de régularisation inter-saisonnière et ne peuvent supporter une succession d’années sèches, comme ce fut le cas au début des années quatre-vingt et des années quatre-vingt-dix. De même, les barrages au Maroc souffrent également d’un taux d’envasement supérieur à la moyenne mondiale. Selon une étude de Abdelhadi Lahlou, 60 millions de mètres cubes de vase se déposent chaque année dans la totalité de nos barrages. Ainsi, la perte en eau, par an, dans les retenues, s’élève à 0,5 % de la capacité totale perdue par an au Maroc. En outre, les barrages marocains ressemblent à des cathédrales bâties dans le désert. L’exemple du barrage Hassan II inauguré sur un affluent de la Moulouya en 1999 à Laghrass, commune de Debdou, province de Taourirt, illustre bien les problèmes de mise en valeur de tels ouvrages. Ce barrage de moyenne importance a pour objectif de renforcer le potentiel en eau potable des villes de l’oriental, d’assurer l’irrigation de 10.000 hectares dans le périmètre de Sidi Lahcen et réduire l’envasement du barrage Mohammed V. Aujourd’hui, l’aménagement du périmètre irrigable et du village pilote d’une capacité de 2000 personnes, devant recueillir les anciens habitants de l’actuelle cuvette est encore virtuel, à cause du piétinement du montage financier et de la polémique sur l’emplacement du village. Les 180 millions de m3 retenus au sein du barrage s’évaporent lentement. Un autre phénomène pénalise également l’agriculture marocaine à savoir, la concentration dans certaines régions notamment le Souss, de cultures qui ont un grand besoin en eau. La baisse de la nappe du Souss, qui paraissait jusque-là inépuisable, reste alarmant malgré la recharge artificielle à partir des lâchers du barrage d’Aoulouz. Le déficit annuel est supérieur à 300 millions de m3. De tout cela, il ressort que le chantier urgent en matière de maîtrise de l’eau doit porter sur l’aménagement des superficies dominées par les grands barrages. Le souci de rentabiliser la grande infrastructure hydraulique risque de paupériser encore plus la majorité des agriculteurs.

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