Mustapha Ramid, député PJD de Casablanca, présidera la commission permanente de la Justice et des droits de l’Homme à la première Chambre du Parlement. Cette décision a été prise par le secrétariat général du PJD annonçant par la même occasion que Lahcen Daoudi a été désigné troisième vice-président de cette même Chambre.
Le PJD, dans un communiqué «expéditif», affirme que ces décisions ont été prises par son secrétariat général conformément à l’article 4 du règlement interne du groupe parlementaire islamiste.
Pour Abdeljabbar El Kastalani, député PJD de Tiznit, cette désignation, comme celle de Abdellah Baha à la présidence du groupe, ne va nullement à l’encontre de la démocratie interne du parti puisque basée sur le règlement interne du groupe parlementaire amendé récemment. C’est ce même règlement qui a servi pour porter Abdellah Baha à la présidence du groupe PJD même si Mohamed Najib Boulif (Tanger) l’avait dépassé en nombre de voix lors du vote des députés. Le secrétariat général a tranché en faveur du premier. Le deuxième semble s’être résigné après quelques coléreuses déclarations dans la presse nationale.
Le PJD est arrivé à la présidence de la commission de la Justice et des droits de l’Homme après le «désistement» de l’USFP. Le règlement veut que les premiers partis à la Chambre des représentants soient également les premiers servis pour le choix des commissions permanentes à présider. C’est ainsi que le choix de l’UMP (Union des mouvances populaires) s’est de nouveau porté sur la commission de l’Intérieur pour y reconduire Mohamed Moubdi’e. L’Istiqlal en a fait de même en (re) choisissant la commission des finances. Troisième parti au classement, l’USFP a changé la donne en «laissant tomber» la commission de la Justice et des droits de l’Homme pour jeter son dévolu sur celle des secteurs sociaux. Le député Abdelkader El Benna (président sortant de cette commission) est ainsi «sacrifié » pour ne pas «gêner le ministre de la Justice issu du même parti », indique une source de l’USFP. Les amis d’Elyazghi ont opté pour Abdeljalil Boukettassa (député de Taza) pour présider la commission des secteurs sociaux.
Quatrième sur la liste, le PJD a opté pour la commission dont la présidence va finalement échoir à Mustapha Ramid.
Pour plusieurs observateurs, c’est un retour en grâce de cette «grande gueule» du PJD après une traversée de désert depuis 2003. A la rentrée politique de cette année, Ramid démissionne de son poste de président du groupe parlementaire pour « éviter des tracas supplémentaires» au PJD. En 2004, il sera écarté de ce poste au profit du même Abdellah Baha et sera privé de ses mémorables sorties lors de plusieurs polémiques dans l’enceinte de l’hémicycle. Il poussera la « rébellion » jusqu’à sécher les réunions de son parti pour un certain temps.
Ramid, avocat qui a ce «plus» d’allier études en droit et en théologie comme bon nombre de cadres du PJD, aura la difficile tâche de présider une commission au travail sensible et décisif pour plusieurs aspects de la vie des Marocains. Il aura à siéger à côté de Mohamed Bouzoubaâ, le ministre de la Justice qu’il compte parmi ses «pires ennemis» et qu’il a longtemps critiqué lors de plusieurs procès de groupes terroristes.
Pour plusieurs observateurs, Ramid présidera, mais n’aura pas les mains libres puisqu’il sera entouré de députés (une bonne soixantaine) de tous les partis politiques. Le poste vaudra plutôt par sa symbolique, mais aussi en guise de bonne formation pour l’avocat PJD. « Pourquoi ne pas y voir une occasion pour lui d’acquérir de l’expérience en traitant plusieurs affaires et dossiers ? Qu’est-ce qui l’empêcherait d’avoir des prétentions pour le département de la Justice dans l’avenir ? », s’interroge Said El Akhal, spécialistes des mouvements islamistes marocains.
Pour un de ses confrères, robe noire du barreau de Rabat, Ramid maîtrise bien le jeu de la surenchère et sait bien quand il faut tenir tel ou tel autre propos. Pour cet avocat, Ramid pourra réussir sa mission en ayant, présentes à l’esprit, les références sociale et moderniste aux côtés de la référence religieuse dont il s’érige en défenseur, à maintes reprises.
Selon l’article 30 du règlement interne de la première Chambre, la commission de la Justice et des droits de l’Homme est composé de 60 membres. Elle traite de plusieurs aspects dont la justice et les droits de l’Homme, mais aussi de questions diverses comme les missions de la Haute cour des comptes et des affaires administratives. Le bureau de cette commission compte un représentant par parti et prévoit quatre députés pour seconder le président. Cette commission comme les autres d’ailleurs, et selon des règles bien définies, peut convoquer un ministre, un haut commissaire ou haut fonctionnaire de l’Etat quand le travail de la commission l’exige. Les patrons des groupes étatiques ou semi-étatiques sont également concernés. Ils sont convoqués en présence des ministres de tutelle.