ALM : Quelle lecture donnez-vous aux derniers chiffres parus dans la note de la DPEG?
Abdelwahed Souheil : Je n’ai pas lu cette note dans tous ses détails. Mais, tout ce que je peux vous dire, et d’après les éléments dont je dispose, qu’en gros, certains indicateurs sont effectivement positifs. Notamment en ce qui concerne le taux de croissance qui se situe d’après cette note à 5,5%. D’autre part, la consommation se porte plutôt bien. C’est la conséquence des différentes mesures récemment adoptées notamment l’augmentation du SMIG, ainsi qu’une augmentation des salaires d’une manière générale. Ceci étant, il reste plusieurs points qui posent problèmes, notamment en ce qui concerne la balance commerciale et le volume des exportations.
Le déficit budgétaire serait de 4,5 % dépassant ainsi la limite des 3 % conventionnels, comment appréciez-vous cela ?
À mon avis, le problème ne se situe pas tellement au niveau du déficit budgétaire. À terme, le grand problème auquel l’économie va se heurter est bien celui du financement du budget. Aujourd’hui, l’endettement dépasse les 28 % et la masse salariale engrange 54 %. Ajouter à cela la faiblesse de l’investissement public, cela ne présage rien de bon. Et cette situation est préoccupante. Sachant que les recettes de l’Etat vont diminuer, l’on peut effectivement s’inquiéter. Le manque à gagner se situe principalement à deux niveaux. D’une part, et dans la perspective du démantèlement douanier une baisse de droits de douanes est inéluctable. D’autre part, se pose le recouvrement des impôts qui constitue la principale source de financement du budget.
D’autant plus que l’investissement hors établissements publics a régressé de 2,5%…
C’est ça qui est ennuyeux. Car l’investissement est la locomotive de la croissance. Je pense que même si les autres indicateurs sont bons, la vigilance reste de mise. Ceci implique naturellement une meilleure rationalisation des dépenses. Globalement, on peut dire que le tableau n’est pas noir. Mais, il n’est pas rose non plus.