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L’église catholique choisit la neutralité

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"Je n’ai baptisé aucun Marocain", assure Monseigneur Vincent Landel. Pour lui, la position de l’Eglise catholique au Maroc est claire. Elle ne cherche pas à enfreindre les lois de ce "pays d’accueil" qui stipulent que les Marocains naissent musulmans.
Toutefois, en homme de foi qui se respecte, Monseigneur Vincent Landel estime que chacun devrait être libre de choisir sa voie. Pour cela, le Maroc (et le monde islamique en général) devrait lancer une vaste et profonde réflexion sur la question de l’apostasie. Tant que la loi marocaine ne subit aucun changement, l’Eglise catholique, officielle, dépendant du Vatican, s’interdit tout prosélytisme. L’archevêque de Rabat est catégorique sur ce point.
Parallèlement à cela, des églises évangélistes, installées essentiellement aux Etats-Unis, s’adonnent, quant à elles, à une vaste campagne de christianisation qui touche, à en croire leurs propres rapports publiés sur leurs sites Internet, des centaines de Marocains. Toutefois, l’Eglise catholique, tout en s’abstenant de faire du prosélytisme, s’empêche de condamner clairement cette évangélisation qui semble nuire également à l’image de marque du Christianisme au Maroc. Comme dit l’adage arabe : "Je ne l’ai pas ordonné, mais elle ne porta point préjudice".
En fait, il serait difficile d’exiger de l’Eglise catholique de défendre la foi islamique. C’est une question maroco-marocaine.
A la suite d’une série d’articles parus dans la presse marocaine, des amalgames fâcheux ont été opérés entre Christianisme et prosélytisme. Même les autorités marocaines ont redoublé d’intérêt pour cette question. Régulièrement, assure Monseigneur Vincent Landel, des éléments de la police rendent visite à des églises. Dernièrement, des policiers se sont rendus à l’église de Meknès pour leur demander la signification de "Franciscain".  Pour leur enseigne, l’ordre franciscain, ou ordre des frères mineurs ou encore ordre des Cordeliers en raison de la corde qui leur sert de ceinture, est né en Italie sous l’impulsion de François d’Assise en 1210.
D’un autre côté, les Marocains qui se convertissent au Christianisme choisissent bizarrement de rester au Maroc. De pratiquer leur nouvelle religion en cachette, loin des regards de leurs familles et amis. De subir des harcèlements du voisinage et des autorités. Pourquoi ne vont-ils pas s’épanouir en Suisse ou aux Etats-Unis ? Vraisemblablement, les évangélistes ont un objectif clair : créer et entretenir à coups de millions d’Euros, au sein même du Maroc, une communauté chrétienne, même la plus petite possible. Exploitant la misère des gens (voire même leur goût du risque), ces évangélistes ne lésinent pas sur les moyens.
Certains y voient, à juste titre, le début d’une grande opération de déstabilisation du régime marocain. Dans quelques années, peut-être, les grandes puissances pourront s’ingérer dans les affaires internes du Maroc, sous prétexte de défendre les droits de la minorité chrétienne.
L’Histoire nous livre beaucoup de cas de figure de ce type. En 1930, la tentative d’ériger les Amazighs en minorité, lors du protectorat, est un exemple éloquent. La religion aura ainsi ouvert la voie aux manigances et calculs politiques. Cela peut s’avérer dangereux, car on se dirigera vers une véritable guerre des religions.
Les extrémismes des deux bords vont se déchaîner. Le Christianisme qui jouit aujourd’hui d’un respect total de la part des Marocains peut se transformer un adversaire, en vecteur de colonisation. Si tel est le cas, Monseigneur Vincent Landel estime qu’il est "totalement condamnable d’instrumentaliser la religion à des fins purement politiques".

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