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Les aléas d’une économie frontalière

La région de l’oriental, qui regroupe cinq provinces, représente l’une des principales places financières du Maroc. En fait, elle figure en deuxième position après Casablanca. Ce n’est pas par hasard que toutes les banques marocaines y sont pratiquement représentées. Ici, la concurrence entre ces dernières est d’autant plus rude qu’il s’agit de courtiser le client.
La preuve, sur 1769 guichets que comprend l’ensemble du système bancaire national, la région possède une bonne partie avec 137 guichets, soit une part de 7,74% . L’Oriental c’est aussi 30 milliards de Dhs de dépôts sur près de 241,510 milliards de Dhs que compte le pays, soit un taux de 12,44%. Ces fonds considérables proviennent essentiellement des transferts des Marocains de l’étranger et des activités du marché parallèle. Les crédits par décaissement octroyés dans l’oriental ont atteint 4,805 milliards de Dhs, soit 2,30% des crédits distribués par le système bancaire marocain. La part de la province d’Oujda est de 3,385 milliards de Dhs dont 2,292 milliards de Dhs pour Oujda ville. Berkane, 665 millions de Dhs et Nador, 1,420 milliard, explique un grand banquier de la place.
Le montant des crédits distribués dans l’oriental est donc insignifiant par rapport à la masse des dépôts locaux.
Ce paradoxe peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’abord la vitalité du commerce frontalier qui étouffe l’investissement productif et inhibe les initiatives audacieuses. Ensuite, l’absence de mesures incitatives en direction des capitaux, conjuguée au manque de valorisation de l’environnement régional.
Enfin, la mentalité de rentier chez les gens de cette région qui préfèrent les placements bancaires au risque intrinsèquement lié à l’acte d’investir. Les dépôts dans Oujda Ville sont de l’ordre de 6,800 milliards de Dhs contre des engagements bancaires d’à peine 2,292 milliards de Dhs. À Berkane, ils sont respectivement de 3,63 milliards de Dhs contre 665 millions de Dhs et à Nador de 10,803 milliards de Dhs contre 1,239 de Dhs.
Les chiffres sont parlants. Ils valent mille commentaires ou discours. Un exemple de bonne santé économique : Casablanca.
Ici, les engagements dépassent de loin les dépôts : les premiers sont de 115,870 milliards de Dhs et les seconds de 84,260 milliards de Dhs. Qui assure l’équilibre ? L’argent qui dort à l’oriental, bien entendu.

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