Depuis le début des violences en Algérie entre groupuscules armés d’une part et forces de l’ordre et milices d’autodéfense d’autre part, le Maroc a consenti d’énormes efforts pour préserver son territoire. Au lendemain de l’attaque terroriste contre l’hôtel Atlas Asni à Marrakech, les frontières entre le Maroc et l’Algérie ont été fermées et le visa imposé aux ressortissants des deux pays. Malgré tous ces efforts, les différents services de sécurité marocains n’ont pas réussi à couper le cordon ombilical qui relie les extrémistes algériens à leurs frères marocains. C’est au lendemain des attentats du 16 mai, ainsi qu’à l’occasion des enquêtes relatives aux réseaux salafistes que certaines connexions ont été découvertes entre les extrémistes marocains et algériens. C’est ainsi que dans le cadre des interrogatoires, le dénommé Hassan Taoussi avait reconnu son intention de fuir vers l’Algérie, en compagnie de trois autres de ses complices. Taoussi raconte que c’est un de ces derniers, en l’occurrence Abdelfettah Ridi, qui s’est chargé des frais de transport de Casablanca vers Oujda. Malgré l’installation d’une multitude de barrages de la police et de la gendarmerie royale, ils ont pu atteindre la ville d’Oujda. Leur plan était de traverser la frontière par le biais de Saïdia pour rejoindre un autre « frère » installé là-bas. Taoussi ne précise pas de qui il s’agit exactement ; mais vraisemblablement, il s’agit d’un algérien. En tout cas, ils n’ont pas eu de chance. Taoussi et Mohamed Mouhim ont été interpellés par la police de Saïdia lors d’un contrôle de routine. Ils n’avaient pas de cartes nationales. Les deux hommes ont donné une fausse identité, puis ont été reconduits vers la ville d’Oujda où un contrôle d’identité a été lancé. Quant aux deux autres complices, Abdelfettah Ridi et Mohamed Attour, ils ont réussi à atteindre la frontière maroco-algérienne. Ils ont contacté un chauffeur de taxi qui s’est dit prêt à les conduire à l’intérieur du territoire algérien. Mais comme leur deux premiers complices avaient été retardés par le contrôle d’identité, la traversée des frontières n’a pas eu lieu. l’autre relation entre les islamistes des deux pays, beaucoup plus forte cette fois, a été celle orchestrée par un dénommé Bouchaïeb Moughdir. C’est un marocain résident en Suède. Il a affirmé qu’il envoyait régulièrement à l’avocat Ahmed Filali du barreau de Casablanca, des bijoux, des montres de luxe, des lunettes de marque… dans le but de les vendre au Maroc et transférer les revenus aux combattants algériens. Ces fonds serviraient à financer la guerre entre ces derniers et les forces de l’ordre. Me Filali a nié en bloc sa participation à ce trafic. Mais il n’y a pas de fumée sans feu. Certains islamistes marocains font bel et bien partie d’un réseau de soutien aux combattants algériens. Tant que les deux pays n’ont pas réglé leurs litiges, ces réseaux ne feront que se renforcer.