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Les derniers de la classe économique

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Contrairement à une idée répandue, les pays arabes ne sont pas tous richissimes, souligne le rapport sur le développement humain dans le monde arabe, publié le 20 octobre 2003 à Amman. Deuxième du genre, il est rédigé par une quarantaine de chercheurs arabes, en liaison avec le bureau jordanien du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Fonds arabe pour le développement économique et social. Le PIB des vingt et un pays étudiés n’était que légèrement supérieur à celui de l’Espagne fin 1999 (559 milliards de dollars). Après le boom pétrolier des années 1970, les économies arabes ont plutôt enregistré un déclin. En raison des défaillances du système, les professionnels qualifiés préfèrent s’exiler. Plus de 15 000 médecins arabes ont émigré à l’étranger entre 1998 et 2000. Cela « entrave l’acquisition du savoir dans le monde arabe », estime le rapport. « La quasi-totalité des pays arabes ont cédé les aspects-clés de la production pétrolière caractérisés par un niveau élevé du savoir à des sociétés étrangères « , remarque-t-il. Les Arabes ont-ils réellement collés au train de la mondialisation ? Il est difficile de répondre avec affirmation compte tenu des difficultés à rassembler des statistiques fiables. Cependant, il est possible de mettre en évidence la stagnation économique pour les dernières décennies du XX° siècle à partir de quelques documents publiées par l’ONU qui ont l’avantage d’être homogènes. On y observe effectivement que le taux de croissance du PIB par habitant stagne globalement et durablement sur le dernier quart du siècle passé alors que les pays développés de l’OCDE bénéficient d’une croissance de 2,1 % par tête et que les pays de l’Asie de l’Est et du Pacifique enregistrent des taux record de 5,9 % . Ces données statistiques officielles et globales sont peut être sujettes à caution du fait que le PIB de certains pays arabes est dopé par les revenus artificiels tirés du pétrole. Le niveau de vie des pays arabes est donc très inférieur à la moyenne mondiale et ne progresse pas sur cette longue période. La première explication réside dans la croissance démographique très importante qui absorbe tout progrès économique. La seconde explication est à trouver dans le constat révélant que la moitié des femmes ne sont pas alphabétisées et moins d’un tiers d’entre elles exercent une activité professionnelle. D’autres indicateurs économiques permettent de donner une idée plus précise de l’état de sous-développement des pays arabes en confirmant malheureusement ces premières observations. Entre 1975 et 1998, le PIB réel dans le monde arabe est passé de 256.7 milliards en 1975 à 445.7 milliards de dollars en 1998, en prix constants. Le rapport indique toutefois d’importantes fluctuations de la courbe de croissance par sous-périodes (8.6% entre 1975 et 1980 ; 0.7% entre 1982 et 1990 ; 3.8% entre 1990 et 1998). Ces fluctuations reflètent essentiellement l’activité du marché du pétrole dont dépend le monde arabe. Si l’on prend en considération la croissance de la population, le revenu réel par tête d’habitant pour la période s’étalant entre 1985 et 1998 a connu une croissance très lente, d’environ 0.5% par an  » en fait, une situation de quasi-stagnation « . L’économiste libanais Samir Sabah, qui écrit au quotidien arabe Al-Hayat, édité à Londres, a précisé qu’avec un tel taux de croissance, il faudrait 140 ans (les statistiques indiquent qu’il faut en fait 144 ans !) au citoyen arabe pour doubler son revenu. Dans le domaine de l’agriculture, une personne possédait en 1970 une moyenne de 0.40 hectares de terres cultivées, moyenne qui est passée à 0.24 hectare en 1988. Les  » macro variables critiques  » affirme le rapport, sont encore en-dessous de la norme dans les domaines de l’emploi, l’économie, la productivité et les exportations autres que le pétrole. Avec une moyenne de 15%, le chômage dans les pays arabes connaît l’un des taux les plus élevés des pays en voie de développement « . Le rendement commercial est par ailleurs resté faible, la région étant encore relativement fermée. Dans certains pays, les tarifs sont élevés et les barrières non-tarifaires demeurent importantes. Le rapport, se basant sur les données de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel, indique que la productivité du travail industriel était en 1990 considérée comme équivalente à celle de 1970,  » proche des niveaux européens et japonais.  » Le rapport parvient à la conclusion inévitable que  » face à la hausse de la productivité des autres pays, cela correspond à un déclin significatif.  » L’insuffisance générale des variables macroéconomiques est concomitante à l’incapacité grandissante de l’Etat à encourager une rapide croissance et à répondre aux exigences de développement humain dans des domaines clé comme la santé et l’éducation. Toutefois,  » les dépenses gouvernementales en tant que pourcentage de PIB sont plus élevées que dans d’autres régions en voie de développement. « 

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