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Les enjeux occultés

Au début des années quatre-vingt-dix, des pays européens sont arrivés à une conclusion selon laquelle, il faudrait renforcer la coopération avec les pays du Sud de la Méditerranée dans le sens de la consolidation des sociétés civiles. En filigrane, cela sous-entendait une sorte de remise en cause des modes de gestion adoptés dans ce domaine et qui profitaient à certains Etats, au lieu de participer au développement durable des sociétés «subventionnées». Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, plusieurs projets de coopération euro-méditerranéenne ont vu le jour au Maroc, et plusieurs communes ont en bénéficié. Mais, sur le terrain, et en dépit des budgets débloqués en amont, c’est-à-dire en Europe méditerranéenne, rares sont les projets qui ont abouti et répondu aux objectifs escomptés et déclarés officiellement. A Mohammédia, à titre d’exemple, quatre projets ont été initiés, en 1994, dans le cadre d’une coopération avec la ville de Belfort, s’inscrivant au niveau du Réseau MED-URBS pour le développement durable, mais qui sont restés inachevés pour des raisons souvent malsaines et douteuses. Il s’agit d’une éventuelle restructuration d’un quartier jouxtant le Complexe culturel de la ville qui concerne environ 1200 ménages, de la constitution d’une pépinière d’entreprises, de règlement de l’épineux problème du traitement des déchets, et de la création d’une nouvelle zone industrielle. Après les premiers jours d’euphorie, les problèmes commencent à se manifester au fur et à mesure que les projets avançaient. D’abord, en amont, la partie européenne insistait à charger ses experts locaux des études préliminaires, alors que les conseillers de Mohammédia voulaient charger des Marocains à leur place. Finalement, la rémunération a été faite pour un travail qui n’a jamais vu le jour. Un autre problème de détail nuisible auquel se sont heurtées les deux parties portait sur la nécessité du suivi de l’évolution du projet. Les élus marocains se déplaçaient à tour de rôle, et leurs choix étaient souvent démunis de critères objectifs, d’où la nécessité du recrutement d’un correspondant qui devrait être sur place et faire des rapports sur l’état d’avancement des projets. Mais là encore, les Européens voulaient recruter un des leurs alors que la Municipalité marocaine insistait sur la désignation de quelqu’un de la ville. La rémunération du correspondant posait également problème puisque le Conseil de la ville ne disposait d’aucune attribution légale lui permettant de recevoir des dons de l’étranger. Ce dossier fut donc absent des sessions du Conseil et, pour éviter la fiscalité, l’argent reçu de la Communauté européenne passait directement aux mains de certains responsables locaux. D’où les dérapages qui ont marqué ce dossier. Finalement, cette initiative de coopération s’est transformée en simple opération justifiant un « flux budgétaire » qui n’a servi absolument à rien. Le changement politique de l’équipe communale a donné le coup de grâce à ces projets mort-nés, qui n’ont profité ni à la Coopération euro-méditerranéenne, ni à la ville de Mohammédia.

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