Armés soit par une vieille rancœur à l’égard du Sahara marocain, occupé par l’armée espagnole avant sa libération et le parachèvement de l’intégrité territoriale, ou encore par une haine aussi injustifiée que viscérale à l’égard du voisin du sud, certains titres espagnols ont cru bon d’en «rajouter», en matière des événements de Laâyoune. Ce faisant, ils ont bafoué la règle numéro 1 du métier, celle de la recherche de la vérité. Des quotidiens comme ABC ont ainsi «inventé» des événements pour justifier leurs papiers. C’est le cas lundi dernier, où ABC persistait à croire, ou faire croire, que la situation est «incendiaire» dans les provinces du Sud. Sous le titre «Quelque chose bouge au Sahara», ABC note que de nouvelles manifestations contre la répression et en soutien au droit à l’autodétermination, faisant suite à celle du mois de mai dernier, se sont produites, vendredi et samedi, dans la ville de Dakhla. Idem pour «El Periodico», qui évoque l’«amer réveil de Lâayoune» pour souligner «l’avancée des partisans de l’indépendance au Sahara».
Les deux quotidiens donnent la parole aux défenseurs de la marocanité du Sahara, pour mieux les instrumentaliser et justifier les déclarations des pro-Polisario locaux auxquels ils donnent une plus grande place. «El Periodico» admet la volonté du Maroc de développer le territoire, mais ajoute que «les Sahraouis mécontents sont plus nombreux que ceux qui osent le dire ouvertement», se jouant ainsi de l’attachement de la majorité des Sahraouis à la nation.
Le journal espagnol «El Pais» revient également à ses vieilles habitudes en consacrant dimanche un reportage au quartier de Maâtallah à Lâayoune et en citant une famille qui parle de coups et blessures reçus dans la nuit du 25 mai «après l’intervention musclée des forces marocaines». «El Pais» a confronté cette version avec celle du commissaire de police Hamid Bahai et du wali de Lâyoune qui ont accusé cette famille d’avoir prêté sa maison pour un «appui logistique aux jeunes violents qui ont manifesté». Concernant le saccage et le vol dans certaines maisons de Laâyoune durant ces incidents, le commissaire les attribue aux jeunes qu’ils ont hébergés. Mais «El Pais» estime «peu plausible» cette explication. «Les enfants et les adultes partisans du polisario n’ont plus peur à Lâayoune et parlent en toute liberté devant la presse étrangère que les autorités ont laissé travailler, après quelques hésitations, sans restrictions», note cependant El Pais.
Le journal «ABC» n’est pas de cet avis. Il prétend que les forces de sécurité marocaines et surtout des agents en civil ont exercé des pressions sur les photographes des agences internationales, notamment ceux de Reuters et de l’AFP. Si tel a été le cas pour la couverture médiatique des événements de Laâyoune, le mutisme des médias espagnols sur les manifestations organisées par les Marocains d’Espagne en faveur de l’intégrité territoriale nationale a été très remarquable. Un autre exemple de l’impartialité propre à un certain journalisme à l’espagnol.