Confié à des mains de maîtres, le patrimoine national ne peut que prospérer. À ce titre, le géant Akwa, Madaëf et la Société marocaine d’investissement touristique (SMIT) se sont alliés pour procéder à la constitution et à la capitalisation d’une société dédiée à la valorisation touristique des kasbahs.
C’est ce qui a donné vie à la Société marocaine de valorisation des kasbahs (SMVK) avec le soutien des ministères de la culture et du tourisme qui lui apportent leur expertise technique et leur accompagnement. Aussi, Akwa, en unique partie privée du projet, fait de ce partenariat public-privé un exemple d’implication dans les stratégies de développement du Royaume.
En effet, découlant de la Vision 2020 du tourisme, le projet s’inscrit directement dans l’un de ses six programmes stratégiques, visant à valoriser l’identité culturelle du Royaume à travers la structuration et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel et la mise en place de produits touristiques cohérents et attractifs.
À ce titre, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par la SMVK permettant la sélection de 10 kasbahs sur la base des critères fixés, le lancement des contacts avec les propriétaires de ces kasbahs retenues et l’aboutissement à 7 offres parmi les 10 sélectionnées.
Aussi, au cours de la semaine dernière, trois conventions de valorisation touristique, qui concernent la Kasbah Ait Abbou à Skoura, un village situé à une quarantaine de kilomètres de la ville de Ouarzazate, la Kasbah Dar El Hiba à Zagora et le Kser Ouled Abdelhlim à Errachidia, ont été signées avec les propriétaires desdits édifices.
Parallèlement, la SMVK a procédé à l’accompagnement des propriétaires des kasbahs pour l’assainissement du foncier et la levée des oppositions, à la finalisation du business plan et du mémorandum d’information du projet destiné aux banques pour la levée des fonds nécessaires, à la finalisation de l’étude de concept hôtelier, le modèle de gestion et la marque du produit; et à la finalisation de la convention de partenariat avec le Cerkas (Centre de restauration et de réhabilitation des zones atlasiques et sub-atlasiques) pour une meilleure synergie des efforts de réhabilitation.
À noter que la mobilisation des kasbahs et des ksour du Sud a présenté plusieurs difficultés liées notamment à la situation juridique marquée par la multiplicité des héritiers et des ayants droit, l’absence d’interlocuteurs ayant la qualité de représenter les propriétaires en plus de la situation foncière non assainie de la majorité des kasbahs.
Dépassant ces difficultés, la SMVK a pour objectif de créer une chaîne nationale d’hôtels aménagés dans des édifices faisant partie du patrimoine architectural et historique du Maroc et rénovés avec des matériaux traditionnels, avec en prime une mise en réseau des différents hôtels de la chaîne dans des itinéraires de découverte explorant les particularités de chaque région en termes de gastronomie, de culture et d’artisanat.
Aussi, la SMVK laisse la voie ouverte à des déclinaisons et extensions selon les caractéristiques architecturales de chaque région, qui seront rassemblées sous une marque commune tout en gardant leurs spécificités.
Un projet innovant qui hissera donc le tourisme national au rang de grand préservateur du riche patrimoine du Royaume.
Entretien avec Youssef Guennoun, Directeur général, pôle développement Akwa Group
Le projet est un exemple pionnier dans la valorisation du patrimoine
ALM : Comment s’est fait le choix des deux kasbahs et du kser partenaires du projet de valorisation touristique de la Société marocaine de valorisation des kasbahs (SMVK)?
Youssef Guennoun : De notre part, nous avons opéré de manière très transparente avec le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt. Cet AMI a été général et extrêmement souple dans ses conditions faisant appel à la volonté de s’associer à ce projet de valorisation touristique. C’est ainsi que nous avons reçu une cinquantaine de dossiers que nous avons étudiés selon des critères bien définis. Il s’agissait en priorité de la valeur historique de l’édifice.
Il est important pour la SMVK que le site ait une identité et une histoire à valoriser et à entretenir. Les autres critères ont porté sur l’accessibilité au site, son branchement à l’eau et à l’électricité et enfin sa situation par rapport aux héritiers. Il était très important pour nous d’avoir un interlocuteur unique qui par le biais d’une procuration pouvait représenter l’ensemble des héritiers. Il faut noter à ce sujet que dans le cas des kasbahs, la mobilisation du foncier est très difficile. En plus, les possibilités d’acquérir du foncier sont très limitées étant donné la multitude d’héritiers et l’histoire que portent les lieux.
Dans les 130 millions de dirhams alloués au projet, quelle est la part de chacun des investisseurs et la part réservée à chaque kasbah ?
Il s’agit, en fait, d’un partenariat public-privé avec trois investisseurs qui se partagent les charges à parts égales. Aussi, il n’y a pas eu de ventilation du montant total par projet. Nous avons plutôt procédé par capacité, en allouant 1,5 million de dirhams par chambre. Ainsi, c’est la capacité de chaque établissement qui justifiera sa part dans l’enveloppe globale. Et toujours dans les finances, il faut noter que la SMVK, après avoir bouclé l’AMI, passe à la recherche de financement bancaire. À ce titre, comme il s’agit d’un projet novateur et respectueux de l’environnement, il fait preuve de beaucoup d’intérêt de la part des banques.
Comment avez-vous imaginé le parcours entre les différents hôtels du projet?
Nous avons, en effet, prévu une mise en réseau des différents hôtels de la chaîne dans des itinéraires de découverte explorant les particularités de chaque région. Aussi, selon la nature de chaque client, nous avons imaginé des solutions adaptées et taillées sur mesure. Ainsi, pour des jeunes avides de découverte, ils pourront, par exemple, grâce à des partenariats avec les acteurs locaux, partir à l’aventure en empruntant des itinéraires authentiques un peu comme en expédition. Pour les seniors, ils auront droit à des virées en hélicoptère ou encore en montgolfière, selon les exigences de chacun.
Avez-vous l’intention d’étendre ce projet à d’autres régions du Maroc?
Le projet découle d’une stratégie nationale et donc il couvre toutes les villes du Royaume. Cependant, le champ d’action de la SMVK se limitera aux régions de Ouarzazate, Zagora, Tinghir et Errachidia. Il constituera ainsi un exemple et un laboratoire d’expérience pionnier pour les projets similaires.