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Les méandres du business fanatique

Quartier Drissia à Casablanca, début des années 90. Les publiphones à carte viennent d’être installés à proximité la station terminus des bus. Pour passer un coup de fil, il faut avoir la carte adéquate. Un petit commerce s’est installé. L’unité téléphonique est vendue deux fois son prix. Les gros bras du quartier en font leur affaire, jusqu’à l’apparition des barbus dans les parages. Munis de dizaines de cartes, des islamistes font des publiphones du coin un commerce juteux qui allait bientôt prospérer au centre ville et partout là où ces nouvelles machines à sous sont installées. Partout, c’est une ruée des Islamistes sur les cartes téléphoniques.
De plus en plus visibles, ils se faisaient même menaçants lorsqu’un «impie» daigne les concurrencer. Ce n’est pas le seul commerce par le biais duquel les islamistes marocains ont fait fortune et ont pu financer leurs activités. Le commerce, ou plutôt l’argent des islamistes, a d’autres tuyaux encore plus efficaces et plus rentables. D’abord, c’est autour des rites islamiques que les groupes intégristes font leur beurre. Rien que pour la Omra, ce sont des fonds très importants qui circulent sous forme de marchandises ou de produits à haute valeur ajoutée. D’autant plus qu’il y a des sommes colossales qui sont envoyées de la Mecque par des Saoudiens liés à des Marocains par des liens de mariage et/ou d’affaires plus ou moins informelle. D’ailleurs, ces liens sont souvent tissés à l’occasion de la Omra, devenue un véritable business pour toute une catégorie de la société marocaine. Cela, sans oublier les organisations islamistes saoudiennes, koweïtiennes à l’époque, et qui ont financé des mouvements islamistes marocains ou des organisations islamistes souvent sous couvert d’actions caritatives, prosélytiques ou à caractère social. A partir de ces fonds, de juteux commerces ont été installés au Maroc par le biais de filières islamistes.
L’entrepôt de livres et cassettes, découvert dans la région de Casablanca, n’est pas une affaire de bienfaisance, mais bel et bien un commerce à cheval entre la clandestinité et le légal. Il ne s’agit pas de faire propager la bonne parole et les préceptes de l’Islam, mais c’est surtout une belle manière pour fructifier l’argent du groupe et préparer d’autres bonnes affaires. D’ailleurs, parmi les commerces les plus rentables pour les islamistes, figure celui du livre et des cassettes. Jamais les rues, les vendeurs de cacahouètes, ou encore les librairies en mal de clientèle n’ont été aussi inondés par le livre à connotation intégriste. Bien entendu il y a tout un fossé entre le véritable livre islamique, les études sérieuses sur la religion et les publications répulsives, vendues cinq ou dix dirhams et qui grouillent d’affabulations invraisemblables et d’interprétations sans aucune valeur de référence en matière religieuse. Ces fameuses cassettes de pleureuses au masculin, qui constituent de véritables nuisances sonores et idéologiques, n’ont qu’un seul but : celui de faire peur et gagner de l’argent… Des hommes d’affaires islamistes pullulent et financent les activités des intégristes. Le bâtiment est un secteur où les islamistes font un chiffre d’affaires en béton…
Une tentative de création d’une banque islamique à la manière des sociétés de financement islamiques égyptiennes a failli aboutir au Maroc. Malgré les drames qu’ont connus des centaines de familles égyptiennes après la faillite desdites sociétés, la nébuleuse islamiste internationale voulait récidiver au Maroc.
Quoi qu’il en soit, dans les milieux du commerce, formel ou informel, de véritables circuits parallèles pour l’argent du fanatisme quadrillent le pays et ont des ramifications partout dans le monde, notamment à travers la communauté marocaine expatriée.

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