Avec l’avènement de la nouvelle année, la rumeur sur un éventuel remaniement ministériel a repris de plus belle. Dans le microcosme politique qui s’est déplacé à Marrakech à l’occasion des fêtes du Nouvel An, les spéculations vont bon train. Si la rumeur ne donne pas les noms des nouveaux ministrables, on s’entend au moins sur la nécessité de la mise en place d’un gouvernement JettouII. Les raisons d’un changement gouvernemental destiné à donner un nouveau souffle à l’exécutif ne manquent pas. D’abord, le caractère pléthorique du cabinet actuel composé de 40 ministres y compris le premier d’entre-eux, ensuite les “maillons faibles“ facilement identifiables dont le rendement est sujet à caution. Les intéressés ont du mal à trouver leurs marques et donnent de plus en plus l’impression d’être à la traîne. Le cas le plus emblématique est celui du ministre des Pêches, Mohamed Taïeb Rhafès qui éprouve des difficultés manifestes à naviguer avec aisance dans une mer agitée notamment par la crise du poulpe. Pour ne pas avoir à le changer au risque d’ouvrir la porte du remaniement, le Premier ministre a confié le dossier du poisson à Abderazzak El Mosaddeq, laissant un Rhafès sans portefeuille se débattre dans une situation caricaturale. Officiellement, l’intéressé est toujours ministre, mais il est incapable de prendre une décision sans s’en référer à son nouveau chef hiérarchique. Certes, le gouvernement Jettou a eu la chance de bénéficier depuis son avènement d’une paix sociale grâce à la signature avec les partenaires sociaux de l’accord tripartite du 30 avril 2003. Or, les propositions gouvernementales contenues dans cet accord viennent d’être rejetées par les syndicats. Ces derniers ont-ils décrété la fin de la trêve sociale ? Tout indique que l’année 2004 sera socialement chaude avec la reprise des conflits sociaux. D’où la nécessité d’un nouveau casting gouvernemental. Certains observateurs mettent en avant l’importance pour le pays d’avoir pour 2004 une équipe commando ou de combat capable d’affronter les défis majeurs qui attendent le pays. Certains par contre ne voient pas l’utilité d’un changement ministériel en ce sens où il est difficile à leurs yeux de trouver mieux que les ministres qui sont déjà en place. Une chose est sûre : le cabinet actuel, qui a ses points forts et ses faiblesses, a besoin d’un nouveau souffle. D’ores et déjà, les trois composantes populaires (MP, MNP et UD) se sont positionnées la semaine dernière en mobilisant leurs troupes autour d’un projet de fusion. Ce fut surtout l’occasion pour les dirigeants de ce pôle de réaffirmer la force politique qu’il représente dans le paysage national dans la perspective d’un remaniement ministériel et d’appeler sans le dire à une recomposition des équilibres politiques à l’intérieur du gouvernement.