La stratégie de lutte contre la corruption ne doit, en aucun cas, être noyée dans une acception vague et trop large, sinon toute action de ce genre serait inefficiente et vide de substance. Tel est le message que Transparency-Maroc adresse aux pouvoirs publics à l’occasion de la campagne de sensibilisation menée par le gouvernement depuis quelques jours au niveau des médias.
Pour cette association, il aurait été préférable d’associer l’ensemble des composantes de la société, à un projet doté d’une visibilité, à long terme, en vue de la constitution d’un système national d’intégrité. Le but escompté, à cet effet, n’est autre que de passer d’un état de défensive marqué par la lutte contre la corruption à une étape supérieure où il serait question, en premier lieu, d’intégrité.
Au lendemain d’un séminaire, qui a eu lieu, le 22 juin 1999, s’est constitué un Comité national de lutte contre la corruption. Durant le mois de septembre de cette même année, s’est créée une cellule restreinte qui avait pour tâche d’oeuvrer pour la mise en place d’un programme d’action à courte échéance. Ce projet aurait pu arriver à des résultats palpables, dans des délais ne dépassant pas les six mois, mais il a été étouffé dans l’oeuf. Ainsi, l’on est passé du comité national de lutte contre la corruption, à celui de la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption, et enfin, à une acception qui réduit tout le travail de sensibilisation dans ce domaine à sa connotation morale, comme le confirme la nouvelle appellation du Comité national de moralisation de la vie publique.
Finalement, cette instance s’est contentée de mettre l’accent sur l’aspect moral de cette action, au lieu «de mettre en relief des mesures concrètes», selon les propos du secrétaire général de Transparency-Maroc, Bachir Rachidi. Une option qui risque d’engendrer des effets pervers et une grande déception chez les citoyens. Car, il est inadmissible, ajoute M. Rachidi, que des instances gouvernementales disposant des moyens nécessaires pour mettre en place un arsenal juridique leur permettant d’intervenir dans le sens de la lutte contre la corruption, puissent se contenter d’actions se limitant à l’interpellation de la morale. Telles sont, donc, les raisons qui ont amené Transparency- Maroc à se retirer du Comité précité et à laisser le gouvernement agir seul dans cette phase de lutte contre la corruption.