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Les ratés de notre diplomatie

Quand les Etats-unis avaient parrainé l’accord-cadre prôné par James Baker pour la résolution du conflit du Sahara marocain, tout le monde croyait chez nous que ce problème sera enfin résolu. Le commun des Marocains s’attendait à ce que la cession d’avril du conseil de sécurité approuve cette résolution sans le moindre heurt puisque l’accord-cadre bénéficie du parrainage de la première puissance mondiale. Et comme les Américains ont toujours réussi à imposer leur point de vue, personne ne doutait de la finalité de cette résolution. Mais au moment du vote, la Russie et la Chine ont fait défection pour s’aligner sur les positions de l’Algérie. La diplomatie algérienne a encore une fois fait des ravages dans les coulisses de l’ONU pour gagner la gageure de damner le pion aux Etat-Unis. C’est inimaginable, mais la réalité du terrain diplomatique a fait pencher pour la énième fois la balance des négociations en faveur de la subtilité de nos voisins. La diplomatie marocaine s’est retrouvée encore une fois sur la touche. Ce n’est que partie remise ont promu les Américains après que le conseil de sécurité ait voté la prorogation de la mission de la Minurso. Les informations distillées, ici et là, laissaient croire que les Américains accentueraient leur pression pour changer les cours des choses en mois de juillet.
La diplomatie marocaine avait trois mois pour redresser la barre avec le soutien de leurs alliés tout en essayant de convaincre les Russes et les Chinois de la perspicacité de ce plan de règlement. Entre temps, les Algériens n’ont jamais baissé les bras en déployant toute leur logistique diplomatique, économique et financière pour consacrer le statu quo.
En juillet et à l’approche de la réunion du conseil de sécurité, les Marocains croyaient encore que les pressions américaines seraient, cette fois-ci, fructueuses. Non, il est dit que l’Algérie allait toujours infliger des revers meurtriers à une diplomatie marocaine lourde, naïve et nonchalante. Depuis la récupération de nos provinces de sud en 1975, la diplomatie algérienne sous l’égide de Bouteflika nous a joué à chaque fois des coups tordus que ce soit à l’ONU, à l’OUA ou dans les autres organismes internationaux. La force de frappe des Algériens était telle qu’elle est arrivée à un certain moment à s’offrir des alliés arabes. Cela fait vingt-cinq ans que cela dure sans que la diplomatie marocaine n’ait réussi à faire pencher la balance en sa faveur. Pourtant tout le monde sait que le Maroc, sous les sollicitations des pays amis, a fait des concessions énormes pour régler cette affaire. Mais à chaque fois les Algériens s’interposent pour saborder toute tentative de résolution même quand le Maroc a accepté l’organisation d’un referendum au Sahara marocain.
L’OUA, qui a eu la primeur de cette décision en 1981, va, sous les pressions algériennes de toutes sortes, commettre une hérésie juridique incroyable en 1984.
En cautionnant l’adhésion de la république fantôme de la «RASD», l’OUA a tourné le dos à l’un de ses membres fondateurs.
Une déroute totale pour la diplomatie marocaine qui a opté pour une tactique défensive alors qu’elle devait jouer l’offensif à outrance. Elle ne finira pas d’en subir les conséquences quand des pays de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du sud ont reconnu l’entité fictive de l’Algérie. La facture de l’inefficacité de l’action diplomatique marocaine sera lourde en moyens humains, matériels et financiers déployés pour défendre notre intégrité territoriale. Il paraît aujourd’hui inconcevable qu’un pays comme l’Algérie qui prône la partition du Sahara marocain, soit soutenu au nom du droit à l’autodétermination. Il est encore plus inconcevable que notre diplomatie n’ait pas réussi à dévoiler les visées hégémoniques de nos adversaires.
Cette incapacité chronique de notre diplomatie à défendre les droits légitimes de notre pays s’est manifestée encore plus quand l’Espagne a envahi l’îlot marocain de Leïla. L’alignement aveugle de l’Union européenne sur les thèses espagnoles en poussant l’effronterie jusqu’à affirmer que le Maroc a violé la souveraineté ibérique, n’a d’égal que le dysfonctionnement diplomatique de nos structures, de ses hommes et de notre stratégie. C’est dire combien la mise à niveau décidée par SM le Roi Mohammed VI, vient à point nommé pour sortir notre diplomatie de sa léthargie et qui a causé des dégâts importants aux intérêts de notre nation.

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